En Arabie Saoudite, la loi du Talion

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Europe1.fr (avec agences)
Un homme paralysé à la suite d'une agression veut que son agresseur subisse le même sort.

 

L’Arabie saoudite est prise au piège de la loi du Talion. Lors d’une rixe, son agresseur avait brisé l’épine dorsale d’Abdoulaziz al Moutairi, le paralysant à vie. Depuis, ce Saoudien de 22 ans demande réparation devant le tribunal de la province de Tabouk, dans le nord-ouest du royaume wahhabite.

 

Or, en Arabie Saoudite, la justice applique la charia, la loi islamique. "C'est écrit dans le Coran : œil pour œil, dent pour dent. L'islam appelle au pardon mais si la victime insiste, c'est son droit", a analysé Ahmad Almobi, spécialiste du Livre saint et écrivain en Arabie saoudite.

 

Abdoulaziz al Moutairi a donc demandé que son agresseur subisse le même sort que lui, une requête qui embarrasse la justice saoudienne.

 

Une décision qui pourrait faire jurisprudence

 

L'Arabie Saoudite applique déjà une version rigoriste de l'islam sunnite, en vertu de laquelle un simple voleur peut se voir couper la main. Paralyser un accusé pourrait donc créer un embarrassant précédent, c’est pourquoi la justice saoudienne tente de persuader le plaignant de renoncer à sa demande.

 

"Quand Moutairi a insisté pour que son agresseur se retrouve dans le même état que lui, nous avons pris contact avec des hôpitaux pour le persuader qu'une telle opération pourrait être fatale au condamné. Le gouverneur a dépêché des émissaires pour tenter une médiation", a détaillé lundi un porte-parole du tribunal.

 

La justice veut temporiser

 

Depuis, le tribunal invoque donc une autre disposition de la charia, selon laquelle une victime peut abandonner les poursuites et pardonner son l'agresseur en échange d'une indemnité financière. C’est pourquoi "le tribunal s'est prononcé pour une indemnité financière dont le montant doit être fixé par les deux parties", a rappelé un porte-parole du tribunal.

Même le gouverneur de la province de Tabouk, le prince Fahad Bin Soultan, s’est senti obligé d’intervenir, ordonnant une médiation entre les deux parties. Si la justice répondait favorablement à la demande d’Abdoulaziz al Moutairi, cette sentence serait la pire des publicités pour un pays qui revendique une ouverture progressive au monde.