Egypte : les Frères musulmans taxés de "terroristes"

Les résidents s'en étaient aussitôt pris aux Frères musulmans, que le gouvernement intérimaire accuse régulièrement d'aider et de financer les auteurs d'attaques contre les forces de l'ordre. Derrière cet homme en colère, le portrait du général Sissi.
Les résidents s'en étaient aussitôt pris aux Frères musulmans, que le gouvernement intérimaire accuse régulièrement d'aider et de financer les auteurs d'attaques contre les forces de l'ordre. Derrière cet homme en colère, le portrait du général Sissi. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Le pouvoir égyptien fait porter la responsabilité de l'attentat meurtrier à la confrérie. 

L'INFO. La confrérie était déjà la cible d'une sanglante répression depuis l'éviction de Morsi. Le pouvoir égyptien a encore durci le ton en déclarant "organisation terroriste" les Frères musulmans, après leur avoir déjà fait porter la responsabilité de l'attentat meurtrier contre la police mardi pourtant revendiqué par un mouvement djihadiste. Cette annonce officielle place désormais la confrérie sous le coup d'une sévère loi anti-terroriste.  

Interdits de manifester. Le gouvernement a en outre interdit aux membres du mouvement islamiste, né en Egypte mais qui a essaimé ailleurs dans le monde, de manifester, alors que les partisans de Morsi se mobilisent quasi-quotidiennement en Egypte pour réclamer le retour au pouvoir du seul président jamais élu démocratiquement du pays. 

Un attentat qui a choqué l'Egypte. Ces décisions, qui interviennent trois semaines avant un référendum constitutionnel que les Frères musulmans ont appelé à boycotter, ont été prises au lendemain d'un attentat qui a choqué en Egypte. Perpétrée par un kamikaze qui a jeté sa voiture sur les barrières protégeant le quartier général de la police de Mansoura, à une centaine de kilomètres au nord du Caire, l'attaque a tué 14 policiers et un civil. Les résidents s'en étaient aussitôt pris aux Frères musulmans, que le gouvernement intérimaire accuse régulièrement d'aider et de financer les auteurs d'attaques contre les forces de l'ordre.

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L'attaque de mardi a toutefois été revendiquée par Ansar Beit el-Maqdess, un mouvement jihadiste qui dit s'inspirer d'Al-Qaïda, alors que la confrérie a rapidement condamné l'attentat de Mansoura. 

Le gouvernement pointe les Frères musulmans. Mais peu après cette revendication, postée sur les forums djihadistes, un communiqué du gouvernement affirmait que "l'Egypte toute entière (avait) été terrorisée par l'horrible crime commis par les Frères musulmans". Détaillant les décisions gouvernementales, le vice-Premier ministre Hossam Eissa a annoncé que les Frères musulmans avaient été déclarés "organisation terroriste", ajoutant que le gouvernement avait décidé de "punir conformément à la loi quiconque continuerait à appartenir à ce groupe après cette annonce".

Le ministre de la Solidarité sociale Ahmad el-Boraie a ensuite indiqué que "toutes les activités" des Frères musulmans étaient désormais interdites, notamment "les manifestations".

La confrérie persiste. La confrérie a toutefois appelé à poursuivre la mobilisation."Les manifestations vont continuer, c'est certain", a déclaré Ibrahim Mounir, membre du bureau de la Guidance de la confrérie en exil à Londres. "C'est une façon d'incriminer les Frères musulmans", a-t-il estimé, en référence à l'attentat de Mansoura. 

Un attentat à la bombe. Au surlendemain de l'attentat contre la police et au lendemain de ces annonces, la situation reste extrêmement tendue jeudi au Caire. Un attentat à la bombe a visé jeudi un bus de la capitale, faisant cinq blessés légers. Les responsables de sécurité ont précisé que la bombe avait été placée à proximité du bus et que la police était parvenue à désamorcer un deuxième engin explosif dans les environs. Cet attentat semble être le premier à viser des civils depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet.

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