Egypte : al-Sissi, un homme du sérail militaire

Le maréchal Fattah al-Sissi a annoncé mercredi qu'il était candidat à la présidentielle en Egypte.
Le maréchal Fattah al-Sissi a annoncé mercredi qu'il était candidat à la présidentielle en Egypte. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
PORTRAIT - Sans surprise, l'homme fort de l'Egypte depuis la destitution de Mohamed Morsi a annoncé sa candidature à la présidentielle. 

L'HOMME. Place Tahrir, c’est aux cris de "Sissi" que les manifestants réclamaient le départ du président Mohamed Morsi en juillet 2013. En moins d'un an, ce militaire artisan de la destitution du président islamiste s'est imposé comme l'homme fort du pays. Mercredi, il a annoncé qu'il se présenterait à la présidentielle au printemps, mettant fin à un suspense qui n'en était plus un depuis longtemps. 

"En toute humilité". Âgé de 59 ans, le maréchal Fattah al-Sissi s'est adressé à la nation égyptienne mercredi soir "pour la dernière fois dans un habit militaire". "En toute humilité", a-t-il dit, "je me présente à la présidentielle de l'Egypte". Comme le prévoit la Constitution, il a abandonné ses fonctions au sein de l'armée et du gouvernement pour pouvoir se présenter. Tout en promettant de "continuer à combattre tous les jours pour une Egypte débarrassée du terrorisme". 

L'allocution du maréchal al-Sissi :

"Il connaît les secrets de l'Égypte". Il y a un an, celui qui n'était encore que général était encore relativement peu connu. Il s'est peu à peu imposé comme l'homme fort de l'Egypte, capable de sortir le pays de l'instabilité politique. En juillet dernier, Antoine Basbous, le directeur de l’Observatoire des pays arabes, expliquait sur Europe 1 que Fattah al-Sissi connaissait "les secrets de l’Égypte et ceux des Frères musulmans". Face aux manifestations monstres pour réclamer le départ du président islamiste Mohamed Morsi, il avait jugé que le devoir des forces armées était "d’intervenir pour empêcher l’Égypte de plonger dans un tunnel sombre de conflit et de troubles" et "prévenir l’effondrement des institutions de l’État".

Les explications d'Antoine Basbous sur Europe 1 :

Celui qui a annoncé la destitution de Morsi. Pendant la crise de juillet 2013, Fattah al-Sissi est rapidement devenu un visage incontournable, apparaissant à la télévision pendant la lecture de l’ultimatum lancé par l’armée au président. Quelques jours plus tard, c'est lui qui annonçait aux Égyptiens la destitution du président Mohamed Morsi et son remplacement par un président d’intérim.

Le discours du général al-Sissi :

Depuis juillet, le maréchal al-Sissi occupait les fonctions de chef de l'armée, ministre de la Défense et vice-Premier ministre des autorités intérimaires. 

Un temps soupçonné d'être proche des islamistes... Fattah al-Sissi a pourtant été un temps soupçonné de proximité avec les Frères musulmans. Sa nomination en août 2012 par le président islamiste à la tête du Conseil supérieur des forces armées (CSFA) avait été critiquée. En 2011, ce brillant officier devenu chef du renseignement militaire, décrit comme un homme pieux s'était illustré en soutenant les "tests de virginité" sur les manifestantes anti-Moubarak arrêtées, rappelle Le Monde.

... Qu'il combat farouchement. Mais depuis un an, le pouvoir égyptien mène une politique de répression implacable de toute manifestation de l'opposition et de guerre juridique contre les islamistes, en particulier les Frères musulmans, déclarés "organisation terroriste". Les procès de masse se multiplient et lundi, un juge a aussi déclenché un tollé en condamnant à mort, lors d'un procès expéditif, pas moins de 529 partisans de Mohamed Morsi, accusés de violence. 

Avant tout un militaire. Fervent admirateur de Gamal Abdel Nasser, l’ancien président nationaliste, le général al-Sissi s’inscrit avant tout dans la tradition militaire égyptienne. Un élément qui a son importance dans un pays où tous les présidents, à l'exception de Mohamed Morsi, seul à avoir été élu démocratiquement, ont été issus de l'armée. Le maréchal, qui jouit d'une grande popularité auprès des Égyptiens et a fait savoir à plusieurs reprises qu'il ne pouvait ignorer "l'appel du peuple", se verrait bien prendre leur suite.

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