Drame de l’Annapurna : un Français raconte le trek de l'enfer

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et Mickaël Frison , modifié à
INTERVIEW E1 - Une tempête de neige a fait 43 morts mi-octobre. Geoffrey Maisonneuve raconte ce trek mortel, au Népal.

L’INTERVIEW. C'est un témoignage qui fait froid dans le dos. Geoffrey Maisonneuve a vécu le trek de l’enfer, au Népal le 14 octobre. Au cours d’une tempête de neige inattendue, 43 personnes ont trouvé la mort sur le circuit de l’Annapurna, un des plus pratiqués au monde. Le Français raconte cette catastrophe de l’intérieur pour Europe 1.

Le matin de cette journée où il échappe à la mort, Geoffrey Maisonneuve se souvient d’une "dizaine de centimètres de neige", au camp de base. Mais au fur et à mesure de l’ascension, la visibilité se réduit, il ne voit "pas à plus de 40 à 60 mètres". La situation bascule réellement en haut du col, où personne ne "s’attendait à tomber sur ces rafales de vent". "Quand on a commencé à descendre, on ne voyait parfois pas à 20 mètres", se souvient le Français. "On progressait presque au toucher", même si "le chemin était balisé par des piquets, ils étaient espacés de 100 mètres". Les randonneurs doivent donc "attendre que les rafales de vent passent pour avoir une visibilité et avancer au prochain piquet".

A ce moment, les cinq marcheurs se regroupent avec dix autres randonneurs, "des gens pas vraiment habitués à la neige, un peu paniqués, qu’on essayait de rassurer" alors qu’ils frayent un chemin avec "parfois de la neige jusqu’aux hanches, avec nos gros sacs sur le dos".

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"Un pied devant l’autre". Dans la descente, Geoffrey Maisonneuve se souvient de certains randonneurs mal en point. "On a récupéré un Français d’une soixantaine d’années qui était avec son guide, qui avait vraiment du mal à marcher". Thibault, un de ses amis, "a aidé un Indien qui était en état d’hypothermie, qu’il a soutenu, motivé, tenu par l’épaule pendant toute la descente". Malgré les conditions difficiles, les Français tentent de garder le moral et de rassurer "trois Israéliennes", qui "venaient me demander si c’était normal. On leur a dit qu’il ne fallait pas chercher à comprendre, que c’était un pied devant l’autre". Malheureusement, le groupe avec lequel avance Geoffrey Maisonneuve croise "plusieurs porteurs népalais, assis derrière des rochers, seuls". Ils essayent de les aider, mais ne le peuvent pas.

Le randonneur admet avoir "eu peur aussi sur la fin, quand on entendait les avalanches". Au bout de longues heures de marches, "on sentait qu’on était près du village. Ça aurait été idiot de tomber sur une avalanche alors qu’on avait pratiquement traversé toute la tempête".

"Une leçon de montagne". Ce n’est que le lendemain que Geoffrey Maisonneuve réalise qu’il a échappé à la mort, lorsqu’il voit le ballet des hélicoptères à la recherche de rescapés. Avec ses amis, le Français pense avoir croisé des gens qui ont perdu la vie sur l’Annapurna. Pour autant, Geoffrey Maisonneuve n’exclut pas de retourner en trek : "Peut-être pas la semaine prochaine, en haute altitude. On a pris une leçon de montagne".

>> Ecoutez le témoignage de Geoffrey Maisonneuve en intégral :

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