Des dizaines de morts en Egypte

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et Charles Carrasco avec AFP , modifié à
ESSENTIEL - Les affrontements entre partisans du président déchu et forces de l'ordre auraient fait 65 morts selon le ministère de la Santé.

L'INFO. Le bilan est encore flou, mais il est déjà terrible. Les violences de samedi au Caire auraient fait "plus de 100 morts" selon les partisans du président islamiste renversé le 3 juillet par l'armée. Un journaliste de l'Agence France Presse a lui compté dans un hôpital de campagne des pro-Morsi 37 cadavres, recouverts d'un drap blanc sur lequel leur nom était écrit. Tous ont été touchés par balles, a indiqué une médecin, Amal Ibrahim, précisant qu'un nombre indéterminé d'autres avaient été acheminés vers les hôpitaux.

Le ministère de la Santé a indiqué en soirée que 65 personnes au moins été tuées et 269 été blessées dans les affrontements le matin.

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Que s'est-il passé ? Les affrontements ont eu lieu tôt le matin, quelques heures après des manifestations massives rivales des partisans de l'armée et des Frères musulmans, la formation de Mohamed Morsi. Des pro-Morsi, partis de leur campement à la mosquée Rabaa al-Adawiya au nord-est du Caire, ont tenté de bloquer la circulation à un pont routier sur la route de l'aéroport et se sont heurtés aux riverains d'un quartier voisin, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Hani Abdellatif.  Les forces de sécurité sont intervenues pour s'interposer et la police n'a "utilisé que du gaz lacrymogène", a-t-il dit laissant entendre que les dizaines de morts avaient été tués par des habitants des environs. Les pro-Morsi en revanche ont mis en cause des "policiers en uniforme agissant au côté d'hommes de main", tirant à balles réelles et avec de la chevrotine.

Dispersion des campements. Faisant redouter de nouveaux heurts sanglants, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a annoncé la dispersion "très prochaine" des deux campements au Caire où se sont installées des milliers de partisans de Mohamed Morsi depuis son renversement. Pour le porte-parole de l'Intérieur, la réponse massive à l'appel du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, à manifester vendredi pour lui donner "mandat d'en finir avec le terrorisme" démontre que le peuple "souhaite la stabilisation du pays sous la protection de l'armée et la police". Mais pour les partisans de Mohamed Morsi, les violences de samedi sont le résultat direct du discours du général Sissi, maître d'oeuvre du renversement du premier président d'Egypte élu démocratiquement.

Condamnation unanime en Egypte et à l'étranger. Le vice-président Mohamed ElBaradeï, qui fut une figure de l'opposition au président islamiste islamiste déchu Mohamed Morsi, a condamné "avec force" samedi la mort de dizaines de manifestants islamistes lors de heurts avec la police au Caire. De son côté, le grand imam d'Al-Azhar, la principale autorité sunnite d'Egypte, a condamné samedi la mort de dizaines de manifestants partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi et demandé une enquête sur ces décès survenus lors de heurts avec la police.

A l'étranger, plusieurs pays européens ont également condamné les violences. Londres a "condamné" l'usage de la force contre les manifestants", et Paris a appelé "toutes les parties, et notamment l'armée, à la plus grande retenue". Le représentante diplomatique de l'Union européenne Catherine Ahston a dit "déplorer profondément les pertes humaines" dans les violences, et souligné la nécessité d'une transition rapide vers un pouvoir civil élu.