Ce qui attend le nouvel Afghanistan

"Cette décennie a provoqué un choc", a estimé le général Olivier de Bavinchove sur Europe 1.
"Cette décennie a provoqué un choc", a estimé le général Olivier de Bavinchove sur Europe 1. © Reuters
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INTERVIEW - Avec le départ des militaires étrangers, le pays va retrouver sa souveraineté.

>> Lundi, Bruce Toussaint, Jean-Pierre Elkabbach, François Clauss, grand reporter, et Didier François, spécialiste Défense, étaient en direct de Kaboul à partir de 7 heures pour une matinale exceptionnelle en direct sur Europe 1 et en vidéo sur Europe1.fr.

L’Afghanistan est à un tournant de son histoire. Après onze ans de présence militaire étrangère, le pays s’apprête à retrouver la pleine maîtrise de son territoire. Les derniers soldats combattants français ont quitté la vallée de la Kapisa, laissant aux forces afghanes le soin d’assurer la sécurité là où l'armée française s'en chargeait auparavant. "Cette décennie a provoqué un choc", estime au micro d’Europe 1 le général Olivier de Bavinchove, chef d’état-major de l’Isaf (International security assistance force, la force de l'Otan opérant en Afghanistan), pour qui "ce pays qui s’est modernisé à marche forcée a besoin de reprendre son souffle". Europe1.fr fait le point sur les prochains défis qui attendent l’Afghanistan.

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• La sécurité. Le chiffre est éloquent : à Kaboul, les attaques terroristes ont diminué de 75% entre 2011 et 2012, selon le général Olivier de Bavinchove. Pour lui, les forces militaires internationales ont "permis de diminuer les forces d’insurrection, réduites à un niveau qui permette aux forces afghanes de l’emporter".

• L’armée. Ces forces afghanes comptent aujourd’hui environ 350.000 hommes, indique le général Olivier de Bavinchove, notant que "dans beaucoup d’endroits", elles ont "pris le ‘lead’". "On forme des chefs qui partent au combat très peu de temps après", indique de son côté le chef de bataillon Bertrand, instructeur en charge de la coopération entre l’armée française et l’armée afghane. Quant aux quelque 1.500 soldats français qui resteront dans le pays après le départ des dernières troupes combattantes, ils seront chargés de la formation de l’armée afghane et du rapatriement du matériel en France.

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• Les talibans. Les talibans pourraient-ils reprendre le pouvoir ? Le général Olivier de Bavinchove n’y croit "pas une minute". "L’année a été extrêmement difficile" pour eux, note le chef d’état-major de l’Isaf. Certains talibans "avaient l’habitude d’aller se réfugier en hiver au Pakistan". "Nous avons mené des opérations d’interception, de telle sorte que cette capacité à se réfugier et à se régénérer soit amoindrie", précise-t-il.

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• La condition des femmes. "La condition des femmes est une horreur absolue", s’indigne Eric Cheysson, de l’association La chaîne de l’espoir, qui s’apprête à construire une maternité dans le pays. Nilab Mobarez, chirurgienne, est plus nuancée. Certes, c’est "toujours l’horreur si on compare à une autre situation". Mais "je compare par rapport à ma propre situation, j’ai gagné beaucoup", assure-t-elle. "Il y a dix ans, je ne pouvais pas aller à l’école, me faire soigner, je ne pouvais pas participer à n’importe quelle décision prise par les talibans ou par les hommes", énumère le médecin, assurant que "la santé des mères et des enfants s’est améliorée" et qu’il y a aujourd’hui "25% de parlementaires" femmes.

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• L’économie et le développement. Pour Nasrine Akram, restauratrice à Kaboul, les Afghans vivent aujourd’hui mieux qu’il y a onze ans. "Les Afghans espèrent encore mieux dans quelques années", confie-t-elle à Europe 1. Avec un bémol : avec le départ des militaires, "ils perdent un peu espoir". "Pour eux, si les militaires partent, c’est que tous les expatriés vont partir", et avec eux un certain nombre d’emplois.

Côté développement, l’Afghanistan a encore des progrès à faire. "Il y a à peu près au moins 50% d’enfants qui ont accès à l’eau potable", indique Aziz Froutan, porte-parole de l’Unicef dans le pays. Moins de 50% des enfants afghans ont accès à des toilettes, selon lui. Et Aziz Froutan de marteler : après le retour des soldats, "maintenant, c’est le moment de penser au développement".