Cambridge : les espions du KGB étaient "constamment ivres"

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avec AFP , modifié à
BRAS CASSES - Dans des archives du KGB, on apprend que des espions recrutés en Grande-Bretagne étaient portés sur la boisson et "pas très doués pour garder des secrets".

Dans les années 1940, les "Cambridge Five" n'avaient pas grand chose en commun avec James Bond. Ce groupe d'espions russes opérant en Grande-Bretagne était une bande d'"alcooliques" et d'"incompétents", selon des documents transmis aux autorités par un ancien archiviste du KGB en 1992, et qui viennent tout juste d'être rendus publics.

"Pas très doué pour garder les secrets". C'est au Churchill Archive Center de Cambridge que les visiteurs peuvent désormais consulter dix-neuf cartons remplis de documents, fournis par Vasili Mitrokhin, archivistes des services secrets russes entre 1972 et 1984. Il s'agit de la pile d'archives la plus complète de l'histoire de l'espionnage, dans laquelle on trouve les noms de plus de deux cent espions de nationalité britannique ayant travaillé pour le KGB.

Parmi eux, une bande de cinq agents recrutés dans les années 1930 à l'Université de Cambridge et qui occupaient différents postes aux services de renseignements intérieurs (MI5) et extérieurs (MI6) britanniques. Le portrait de ces "Cambridge Five" est peu flatteur : l'un d'en eux, Donald Duart Maclean, y est décrit comme quelqu'un de "constamment alcoolisé" et de "pas très doué pour garder les secrets". Ivre, il aurait révélé travailler pour le KGB à sa compagne et à son frère. 

Son acolyte, Guy Burgess, lui aussi "constamment sous l'emprise de l'alcool", ne semblait pas beaucoup plus doué : au moment de sortir d'un pub, il aurait ainsi fait tomber par terre des dossiers volés au ministère des Affaires étrangères.

Des documents secrets transmis à Moscou. Dans un registre un peu plus sérieux, ces archives donnent aussi un aperçu du travail fourni par ces agents en plein milieu de la Deuxième guerre mondiale et, ensuite, pendant la guerre froide. Guy Burgess avait par exemple réussi à transmettre aux Russes pas moins de 389 documents secrets dans les six premiers mois de 1945, ainsi que 168 autres en décembre 1949. Les archives du KGB révèlent par ailleurs que les Soviétiques avaient installé des caches d'armes légères pour leurs agents "autour des principales villes" des pays appartenant à l'OTAN, comme à Rome ou à Berne.

"L'ampleur et la force de cette collection nous offrent un aperçu inédit des activités du KGB sur la majeure partie de la guerre froide", explique le professeur Christopher Andrew, premier historien à avoir travaillé sur ces archives et vieil ami de Mitrokhin, décédé en 2004 à l'âge de 81 ans. Déçu par le parti communiste de l'Union Soviétique, l'ancien employé du KGB avait profité de son accès illimité aux archives pour prendre des notes et en faire des copies, avant de les transmettre à l'ambassade britannique en 1992. 

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