CIA : Edward Snowden est-il un "traître" ?

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Alcyone Wemaere, avec agences , modifié à
Des politiques US accusent de "haute trahison" l'ex-agent qui a révélé la surveillance des communications et réclament son extradition.

L'info. La pression monte aux Etats-Unis après la révélation par un ex-agent de la CIA, Edward Snowden, de l'existence d'un vaste système d'espionnage des communications. S'il a permis aux internautes des Etats Unis et au-delà de découvrir que des services Internet étaient espionnés, la réaction des politiques américains est sévère. Une procédure d'extradition à l'encontre de l'auteur des fuites - qui serait à Hong Kong – est ainsi réclamée. Le président Obama est sous pression face à ce qui constitue l'une des fuites les plus importantes de l'histoire américaine en matière de sécurité.

L'extradition réclamée par les politiques. "Tous les ministères s'activent vivement" en ce sens,  prévenu la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement. Poids-lourd du Congrès, elle a qualifié "d'acte de trahison" les révélations d'Edward Snowden. "Nous ne pouvons pas garantir la sécurité nationale si les secrets sur nos méthodes de renseignement ne sont pas gardés", a, de son côté, fait valoir le sénateur démocrate Bill Nelson. Le représentant républicain Pete King, a aussi rappelé que révéler des informations classifiées pouvait coûter 15 à 20 ans de prison.

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Un veto de Pékin ? Une éventuelle extradition, si elle est demandée par Washington, pourrait toutefois se heurter au veto de Pékin. Mais l'accord d'extradition entre Washington et Hong Kong "est encore en vigueur et nous l'avons utilisé activement au fil des ans", a rappelé la porte-parole du département d'Etat. A Hong Kong, la députée pro-Pékin Regina Ip d'ailleurs a jugé que la ville serait "obligée d'honorer les accords" passés avec Washington.

Les Américains partagés. "Mon unique objectif est d'informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux", a justifié l'ancien consultant du renseignement américain après avoir divulgué des informations confidentielles sur des pans entiers du programme de surveillance de l'Agence nationale de sécurité (NSA). Selon un sondage du Washington Post et de l'institut Pew publié lundi, toutefois, 56% des Américains interrogés pensent que le programme fédéral de surveillance téléphonique est un moyen "acceptable" d'enquêter sur la menace "terroriste", quitte à empiéter sur la vie privée. L'affaire divise apparemment les Américains puisque, dans le même temps, une pétition publiée sur le site de la Maison Blanche pour réclamer son "pardon" avait été signée lundi après-midi par plus de 25.000 personnes.

"Un grand service aux Américains". Edward Snowden a toutefois un supporteur dans la classe politique américaine en la personne de Ron Paul, ancien candidat à l'investiture républicaine pour les élections présidentielles de 2012. Celui-ci a estimé que Snowden et le journaliste du Guardian ayant publié en premier l'information, Glenn Greenwald, avaient "rendu un grand service aux Américains en révélant la vérité sur ce que (le) gouvernement fait en secret". Son fils, le sénateur Rand Paul, a annoncé son intention d'intenter une action collective en justice contre l'Etat fédéral, pour laquelle il espère rassembler 10 millions d'Américains.

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Quelles options Edward Snowden ? Alors que les faits et gestes de l'ancien agent de la CIA demeuraient un mystère depuis qu'il a quitté son hôtel de Hong Kong lundi, des médias ont indiqué qu'il envisageait de demander l'asile politique à l'Islande. En France, Marine Le Pen a demandé que Paris lui accorde l'asile politique.

"Un héros", pour Assange. Depuis l'ambassade équatorienne à Londres, où il est reclus depuis près d'une année, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a qualifié mardi de "héros" le jeune homme et indiqué qu'il avait été en contact indirect avec son entourage.

Barack Obama sous pression. Le président américain a défendu le programme fédéral de surveillance basé sur la collecte de données téléphoniques et internet au nom de la sécurité des Américains. Il n'en est pas moins sous pression intérieure et internationale. La grande association américaine de défense des libertés individuelles (Aclu) a ainsi demandé aux tribunaux secrets (Fisa) d'en dire plus sur l'étendue de leurs pouvoirs. Au Royaume-Uni, le Guardian a affirmé que les espions britanniques avaient accès au programme américain.