Burka Avenger, une héroïne pakistanaise

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avec AFP
VIDÉO - Au Pakistan, les aventures de cette super-héroïne en burqa font un tabac.

Les Pakistanais ont leur Wonder Woman. Sauf que la super-héroïne pakistanaise porte la burqa et que ses armes sont des livres et des crayons. La série d’animation "Burka Avenger", diffusée depuis fin juillet sur la chaîne GEO Teez, fait un véritable carton et pourrait être diffusée bientôt dans 60 pays.

Une héroïne en burqa. L’histoire se déroule dans la ville fictive de Halwapur. "Jiya", institutrice et orpheline, connaît les rudiments du "takht kabaddi", un art martial. Pour combattre "l’ignorance et la tyrannie", "Jiya" se transforme en "vengeresse en burqa". Ses ennemis ? Vadero Pajero, un politicien véreux, et Baba Bandook, un faux magicien barbu, coiffé d’un turban.

La bande-annonce du dessin animé :

Le même combat que Malala ? Une jeune Pakistanaise qui se bat pour l’éducation, cela vous rappelle quelque chose ? Les thèmes du combat de "Burka Avenger" rappellent en effet l’histoire, bien réelle, de la jeune Malala, victime d’une tentative d’assassinat par les talibans en octobre. Sauf que quand les créateurs de la série ont lancé leur projet au printemps 2012, ils n’avaient jamais entendu parler de la jeune adolescente et de son combat pour l’éducation des filles.

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L’homme derrière Burka Avenger. "En 2010, je lisais beaucoup d’articles sur des écoles pour filles fermées par des extrémistes", raconte à CNN Haroon, qui est à l’origine du projet. L’homme est loin d’être un inconnu : Haroon, 40 ans, est en effet une star de la chanson pakistanaise. C’est lui qui a eu l’idée de la série et qui a contacté un dessinateur pakistanais pour la réaliser.

Une chanson de la star de la pop Harron :

Une burqa qui fait polémique. Le choix d’une héroïne en burqa ne fait cependant pas l’unanimité au Pakistan. Les féministes s’indignent de voir une burqa "donner du pouvoir" aux femmes. Quant aux islamistes, ils n’aiment pas trop l’idée de "jouer" avec ce long voile. Haroon, lui, s’est expliqué sur la chaîne américaine en assurant que si son héroïne portait la burqa, ce n’était pas un signe d’oppression. "Elle choisit de la porter pour dissimuler son identité, comme les super-héros qui portent un costume pour cacher leur véritable identité", explique la popstar, citant Batman et Catwoman. Et aussi pour montrer qu’elle défend "toutes les bonnes choses de l’islam et les vraies valeurs islamiques".

Bientôt une version française ? Malgré la polémique, la série a rencontré un succès inattendu, même pour ses créateurs. "Cette série d’animation était destinée au Pakistan, mais il semble que le monde entier veut en savoir davantage sur ‘Burka Avenger’", a confié Haroon à l’Agence France-Presse. Un distributeur européen est même intéressé et souhaiterait traduire la série dans 18 ans, dont le français, et la diffuser dans 60 pays.