Belgique : "personne n'a envie d'une nouvelle crise"

L'ancien premier ministre Elio Di Rupo.
L'ancien premier ministre Elio Di Rupo. © REUTERS/Francois Lenoir
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INTERVIEW - Après la victoire des nationalistes flamands, Béatrice Delvaux, éditorialiste belge, explique que des alternatives protègent le pays d'une crise. 

Le spectre d’une nouvelle crise politique plane-t-il sur la Belgique ? Au lendemain d'élections législatives marquées par la victoire des nationalistes flamands, les Belges replongent cette semaine dans un fastidieux processus qu'ils connaissent bien : la recherche d'une majorité pour gouverner le pays. 

Les protagonistes sont les mêmes que lors de la longue crise de 541 jours qui avait suivi les législatives de 2010, à l'exception du roi Philippe, qui a succédé à son père Albert II en juillet. Le souverain a lancé les consultations avec les dirigeants des principaux partis, après la démission, comme le veut la tradition, du Premier ministre Elio Di Rupo. Le roi devrait appeler le chef de file des nationalistes flamands, Bart De Wever, à chercher des partenaires pour constituer un gouvernement fédéral.

Si le succès électoral des nationalistes flamands est incontestable, la presse belge est plus nuancée. La Libre Belgique évoque un “Triomphe inachevé”, Le Soir un “triomphe sans garantie”. Béatrice Delvaux, éditorialiste au quotidien Le Soir, décrypte et analyse le résultat des législatives.

Pourquoi la presse belge parte-t-elle de résultats en demi-teinte ?

La N-VA, le parti nationaliste flamand, a remporté les élections fédérales. Elle doit former des alliances pour composer une majorité : il faut donc que la N-VA s’entendent avec des partis flamands et francophones pour former un gouvernement. Le problème, c’est que la N-VA a des alliés potentiels en Flandre, mais côté francophone, les quatre partis ont tous dénoncé, avec plus ou moins de vigueur, le parti nationaliste comme étant raciste. 

La N-VA pourrait donc ne pas trouver d’alliés francophones, et échouer à former un gouvernement ?

Il lui faut absolument des alliés francophones. Au delà des accusations de racisme, les francophones lui reprochent un programme social et économique trop dur et droitier. Une alliance est également improbable, car la N-VA veulent l’indépendance de la Flandre, ce que les francophones rejettent. 

Par ailleurs, l’animosité est partagée. La N-VA considère le parti socialiste comme l’incarnation de tous les maux de la Belgique. Les seuls alliés que les nationalistes pourraient trouver est le parti libéral francophone, en leur faisant miroiter d’entrer au gouvernement. Mais là encore, ce scénario semble peu probable, car les libéraux ont fait savoir qu’il refuseraient toute alliance. S’ils acceptent, ils seront accusés de parjure par leur électorat. 

S’oriente-t-on donc vers une nouvelle crise politique si la N-VA échoue ? 

Non. La N-VA a certes remporté les élections, mais cette victoire ne lui donne pas les mains libres. Le roi devrait désigner ce parti pour former un gouvernement, et sauf surprise, cela devrait être très compliqué.

Mais il existe une alternative si la N-VA échoue. Le roi pourrait désigner la plus grande famille politique : les socialistes, majoritaires en voix, qui pourront contacter leurs alliés précédents, les trois autres partis flamands, présents dans la coalition qui a sorti la Belgique de la crise politique. 

Une crise politique est donc improbable. D’ailleurs, personne n’en a envie : ce long blocage a effrayé les milieux des affaires, a fait mauvais genre, et a surtout  fait perdre beaucoup d’argent. 

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