Belgique : et maintenant ?

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Après la démission du Premier ministre, le pays se retrouve, une fois encore, en pleine crise politique.

Le roi des Belges a deux options. Après avoir accepté la démission d’Yves Leterme, Albert II doit maintenant penser à l’avenir de son pays et tenter de reconstruire un semblant d’unité nationale. Il a pour cela la possibilité de confier à une personnalité, voire à Yves Leterme lui-même, la mission de former un nouveau gouvernement. Mais vu la rupture de confiance actuelle entre Flamands et francophones, cette piste semble très difficile à suivre.

Une autre possibilité est envisageable : la convocation d'élections législatives anticipées, qui doivent avoir lieu en vertu de la Constitution belge dans les 40 jours. Ces élections pourraient donc avoir lieu dans la première quinzaine de juin, alors que le pays prend la présidence tournante de l'Union européenne. Mais ces élections risquent de déboucher sur une nouvelle assemblée où les partis les plus durs sortiront renforcés, surtout côté flamand où selon les derniers sondages les partis indépendantistes sont soutenus par 40% de l'électorat.

Un climat de défiance

Cette nouvelle crise politique est encore plus profonde que celle qui avait ébranlé la Belgique en 2007 et 2008. Elle fait craindre pour l'avenir du pays dans sa forme actuelle. Signe de la défiance actuelle entre le nord et le sud du pays, le président du parti indépendantiste flamand NVA, Bart De Wever, a fustigé la mission de Didier Reynders, chargé en fin de semaine dernière de régler le contentieux, en ces termes: "Cela revient à demander un avis (au pédophile meurtrier) Marc Dutroux sur les bonnes moeurs", a-t-il dit.

Les deux communautés se disputent sur les droits linguistiques des francophones dans la banlieue flamande de Bruxelles. Cette question, liée au district bilingue français-néerlandais de "Bruxelles-Hal-Vilvorde", dit "BHV", a été à l'origine de la démission du gouvernement, provoquée par le départ de la coalition au pouvoir du parti libéral flamand, l'Open VLD, mécontent de l'absence de progrès.

Ultimatum jeudi

Les Flamands veulent remettre en cause la plupart des droits linguistiques spéciaux accordés aux quelque 130.000 francophones vivant dans la banlieue flamande de Bruxelles, au nom de l'homogénéité territoriale et linguistique de leur région. Ils entendent stopper l'extension de ce qu'ils perçoivent comme une "tâche d'huile" francophone sur leur sol. Les francophones exigent, eux, d'importantes contreparties pour envisager la limitation de leurs droits.

Faute d'accord, les partis flamands menaçaient de toute façon de passer en force jeudi en supprimant d'autorité les droits controversés par un vote en séance plénière à la Chambre, où ils détiennent la majorité. Une menace qu'ils vont tenter à présent de mettre à exécution, même si les partis francophones peuvent encore différer le vote. Un tel ultimatum a été jugé "inacceptable" par le président du Parti socialiste francophone, Elio Di Rupo.