Armer les rebelles syriens ? L'UE dit oui

Les rebelles syriens ne recevront pas d'armes avant au moins le 1er août, même si la livraison est désormais autorisée.
Les rebelles syriens ne recevront pas d'armes avant au moins le 1er août, même si la livraison est désormais autorisée. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
L'embargo a été levé lundi soir, mais aucune livraison ne se fera toutefois avant le 1er août.

L'INFO. Ils ont fini par se mettre d'accord. Malgré leurs divisions, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé lundi soir à Bruxelles de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles syriens. Mais aucun pays n'a l'intention d'en envoyer dans les deux prochains mois afin de ne pas mettre en danger l'initiative de paix russo-américaine alors que la guerre fait rage sur le terrain.

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Oui, mais... "L'UE a décidé de mettre fin à l'embargo sur les armes pour l'opposition syrienne et de maintenir les autres sanctions contre le régime syrien", prises il y a deux ans, a annoncé le ministre britannique William Hague en milieu de nuit à l'issue d'une réunion marathon. Dans les faits, toutefois, elle ne devrait rien changer pour les rebelles qui font face à l'offensive de l'armée syrienne, en particulier autour de la ville stratégique de Qousseir, dans le centre du pays. Car les 27 "se sont engagés à s'abstenir d'exporter des armes à ce stade et, en tout état de cause, à appliquer un certain nombre de critères stricts à d'éventuelles exportations futures", a expliqué le ministre luxembourgeois Jean Asselborn.

Une levée théorique. "C'est une levée théorique de l'embargo. Concrètement, il n'y aura pas de décision de livraison avant au minimum le 1er août", a de son côté indiqué un haut responsable français, ayant requis l'anonymat. Aucune arme ne devrait ainsi être livrée d'ici au 1er août, date avant laquelle les ministres ont prévu de "réexaminer" leur position. Ce délai devrait aussi leur permettre de dresser un premier bilan de la conférence internationale "Genève 2" prévue en juin à l'initiative des Etats-Unis et de la Russie.

Tout dépend de Génève 2. L'organisation d'une telle conférence de paix sur la Syrie ne sera "pas une mince affaire", a prévenu lundi soir le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à l'issue d'un entretien à Paris avec son homologue américain John Kerry. "Nous avons discuté des moyens de procéder (...) pour que cette conférence ait lieu. Ce n'est pas une tâche facile", a ajouté Sergueï Lavrov, dont le pays soutient le régime de Damas. "Comme l'a dit John |Kerry, NDLR], nous nous sommes avant tout concentrés sur la nécessité de déterminer la liste des participants du côté syrien, le groupe du gouvernement et celui de l'opposition, comme nous en avions parlé à Moscou", a-t-il dit.

La participation de l'Iran divise. Si Damas a donné son "accord de principe" pour participer à "Genève 2", l'opposition syrienne, réunie depuis jeudi à Istanbul, apparaît profondément divisée et ne s'est pas encore prononcée sur sa présence. Les négociations se poursuivaient lundi soir sans signe de progrès, selon un membre de la Coalition syrienne. Le ministre russe des Affaires étrangères a souligné que la conférence de paix pourrait être "élargie pour inclure tous les acteurs clefs", dans la région. Moscou souhaite de longue date que l'Iran, soutien du régime de Damas, participe aux négociations, ce que les Occidentaux refusent.

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Enfin une réponse sur les armes chimiques ? La France va analyser les échantillons de potentielles armes chimiques rapportés de Syrie par des journalistes du quotidien français Le Monde, a annoncé mardi un haut responsable français sous couvert de l'anonymat. Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné lundi dans le quotidien français de l'utilisation d'armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas. La question des armes chimiques a été abordée par John Kerry, Serguei Lavrov et Fabius lundi soir, a indiqué un responsable français, ajoutant : "la question des armes chimiques peut introduire une situation différente car les lignes de clivage (avec les Russes) ne sont pas les mêmes que sur le conflit syrien".

L'utilisation d'armes chimiques fait l'objet de soupçons depuis déjà quelques semaines dans plusieurs endroits de Syrie, mais n'a pas été formellement prouvée. L'ONU demande en vain à Damas de laisser ses experts enquêter sur les accusations réciproques adressées par le pouvoir et l'opposition concernant le recours à ces armes.