Airbus A380 : que s'est-il passé ?

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avec agences , modifié à
L'atterrissage d'urgence d'un Airbus A380, jeudi à Singapour, soulève plusieurs questions.

L'Airbus A380 de la compagnie australienne Qantas, qui a effectué jeudi un atterrissage d'urgence à Singapour, a connu une avarie sur la partie arrière d'un de ses quatre moteurs, a précisé le bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). L'incident a eu lieu alors que l'avion venait de décoller de Singapour pour rejoindre Sidney avec 459 passagers à son bord. La sécurité de l'Airbus A380 ne serait pas en cause, selon l'avionneur européen.

"Après cinq ou six minutes de vol - nous venions de décoller - on a entendu un grand bruit qui venait du deuxième moteur de l’avion", a témoigné un passager du vol sur Europe 1, avant d'ajouter : "j’ai vu un bout du moteur perforer l’aile". L'accident n'a fait aucun blessé mais suscite plusieurs questions.

Quel problème a rencontré le réacteur qui a pris feu ? "Ce que nous savons pour le moment, c'est que le moteur a perdu son capotage arrière. C'est une avarie sur la partie arrière du moteur qui a entraîné des dommages sérieux", a expliqué une porte-parole du BEA. Le bureau bureau d'enquêtes et d'analyses qui représente l'Etat constructeur, va envoyer une équipe de deux ou trois personnes en Australie pour collaborer à l'enquête technique.

Pourquoi le réacteur a-t-il pris feu ? Lors de la phase de décollage, “les moteurs délivrent beaucoup de puissance, d'autant que l'avion est lourdement chargé, il a presque son plein de passagers“, détaille notre consultant pour les questions d’aviation, Bernard Chabert, pour expliquer cette surchauffe des réacteurs.

Les pneus sont-ils en cause ? Plusieurs pneus de l'Airbus ont éclaté à l'atterrissage, a précisé vendredi le directeur général de la compagnie aérienne australienne, Alan Joyce. Invité vendredi sur Europe 1, Le président d'EADS, Louis Gallois, s'est montré rassurant : "deux ou trois pneus ont explosé parce que l'avion a atterri très lourdement chargé ont l'avion, puisqu'il avait encore beaucoup de carburant. Ce n'est pas anormal et cela n'a pas posé de problème de sécurité".

Cet incident est-il sérieux ? L'accident est jugé "significatif" par le constructeur européen Airbus, qui souligne néanmoins que ce genre d'avaries sont prévues par les procédures de certification des avions. "Les avions sont certifiés avec plusieurs moteurs, en l'occurrence quatre pour l'A380. Nous ne minimisons pas l'incident mais c'est prévu par les procédures de certification. S'il y a quatre moteurs, c'est aussi pour faire face à ce genre de situation difficile", a ajouté Airbus.

Cet incident est-il rare ? Cet incident “est totalement rarissime, mais il y a un indice intéressant : il y a quelques mois, un moteur de la même famille, un moteur Rolls-Royce Trent, a explosé au banc d’essai. C’était un moteur destiné au futur Boeing 787 et il semblerait qu’il y ait peut-être une espèce de fragilité au niveau de certains composants du moteur“, avance Bernard Chabert.

Les autres A 380 continuent-ils de voler ? Qantas, qui est l'une des cinq compagnies à faire voler des A380, a immédiatement décidé d'immobiliser au sol les six exemplaires qu'elle possède. Les compagnies Singapore Airlines, Emirates et Lufthansa n'ont, elles, pas interrompu leurs vols.

Le constructeur européen Airbus et le motoriste britannique Rolls-Royce ont conseillé à Singapore Airlines de vérifier ses appareils A380, a depuis précisé la compagnie aérienne. De son côté, la Lufthansa a déjà annoncé qu'elle conduirait "des tests supplémentaires" sur l'appareil.

Airbus est-il en cause ? L'avionneur européen assure ne pas être responsable de l'incident. "L’A380 a pu atterrir dans de bonnes conditions et sans mettre en péril la vie des passagers. Chacun s’accorde à dire que c’était le calme à bord. L’équipage, mais l’avion aussi y est pour quelque chose" a déclaré sur Europe 1 Françoise Vallin, déléguée CFE-CGC d'Airbus. "C'est au niveau du moteur que s’est créé cet incident. Le motoriste en question, Rolls-Royce, travaille en coopération avec Airbus sur l’incident, on va attendre d’ici quelques jours des résultats très précis", a-t-elle ajouté.

Jeudi soir, Louis Gallois, président exécutif d'EADS, maison mère d'Airbus, est aussi allé dans ce sens : "cet incident concerne un moteur Rolls-Royce. Il n'a évidemment pas mis en danger la sécurité de l'avion qui est dessiné pour pouvoir voler et faire ses missions avec trois moteurs (...) C'est un incident significatif mais on n'en parlerait sans doute pas si cela n'était pas un A380".