Yann Moix sur le traitement médiatique de l'affaire Palmade : «Le Watergate avait fait moins de bruit»

Yann Moix a vivement critiqué le traitement médiatique de l'affaire Palmade.
Yann Moix a vivement critiqué le traitement médiatique de l'affaire Palmade. © Europe 1
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Romain Rouillard
L'écrivain et animateur de télévision Yann Moix, aux commandes de "La libre antenne week-end" sur Europe 1, est revenu sur l'affaire Pierre Palmade et sa résonance médiatique, exagérée selon lui. Une longue diatribe d'un peu plus de six minutes contre l'information en continu et les "plateaux de télévision".

Yann Moix lâche ses coups. Dans une chronique, publiée sur les réseaux sociaux d'Europe 1, l'animateur aux commandes de La libre antenne week-end sur notre antenne a vertement épinglé le traitement médiatique réservé à l'affaire Pierre Palmade. Le 10 février dernier, le comédien, sous l'emprise de stupéfiant, provoquait un grave accident de la circulation. Assigné à résidence dans un service d'addictologie, l'humoriste a été victime d'un AVC samedi soir, ce qui n'a pas empêché la justice de décider son placement en détention provisoire ce lundi. Un fait-divers qui a suscité une couverture médiatique un peu trop large aux yeux de l'écrivain qui s'est voulu très critique à l'endroit des chaînes d'information en continu, sans pour autant chercher de circonstances atténuantes à l'artiste. 

"Pierre Palmade est inexcusable, impardonnable, lamentable, pitoyable. Et si je trouve tout à l'heure un autre mot en -able, je l'en affublerai volontiers. Mais ce n'est pas parce que Palmade est pitoyable que les plateaux de télévision ne le sont pas", pose-t-il d'entrée. Et de préciser sa pensée : "C'est la première fois, de mémoire de téléspectateur, que je vois un fait divers décortiqué non pas en temps réel mais en temps dilaté. Chaque seconde de l'accident est susceptible d'être étirée sur des heures. Chaque nouvel élément de la journée en question, celle du 10 février, est analysée, décryptée, comme si on avait découvert un projet d'invasion par les Chinois". 

"Des crabes avec leurs horribles pinces" 

Le chroniqueur se lance ensuite dans l'exercice de la comparaison, évoquant un événement majeur de l'histoire politique américaine du siècle dernier. "Le Watergate, au prorata de son importance mondiale, avait fait moins de bruit". Autrement dit, la résonance médiatique de l'affaire Palmade est, selon Yann Moix, hautement disproportionnée, au regard des enjeux qu'elle convoque. "Je résume : un camé prend sa voiture et percute des innocents, dont un enfant et une femme enceinte qui perdra son bébé. Pardon, mais c'est tout ce qu'il y a à savoir ! Mais non, il faut retourner dans cette journée, la remuer comme la boue. Connaître les horaires, le nom des drogues ingérées, le détail des positions sexuelles. Le nombre de taches sur le canapé", maugréé-t-il. 

Yann Moix critique ensuite, sans les nommer, journalistes, éditorialistes et intervenants sur les plateaux télé, qu'il compare à "des crabes avec leurs horribles pinces". "Comme à chaque fois, un certain nombre d'anonymes, tout heureux d'être soudain les spécialistes de quelque chose se ruent sur les plateaux pour commenter un morceau d'indices, s'interroger sur un propos, se soucier d'un nouvel élément de l'enquête (...) On fait appel à des bougres de spécialistes qui en savent plus sur Palmade que Palmade n'en saura jamais sur Palmade", s'agace-t-il. D'après lui, "si la mort de Coluche avait lieu aujourd'hui, elle occuperait l'antenne pendant quatre ou cinq ans". 

"Donner à jouir au public, avide de malheurs et de tragédies"

Ces commentaires, diffusés en boucle, autour de cette affaire, ont pour objectif, selon Yann Moix, de "donner à jouir au public, avide de malheurs et de tragédies". "Rien de bien nouveau, les badauds ne se sont pas arrêtés sur le bord de la route. Alors ils s'arrêtent devant leur écran où en boucle, on leur montre un tronçon de route avec un peu d'herbe et des traces de pneus". L'écrivain évoque ensuite "ce qu'il y a de plus bas" chez l'être humain, "flatté" selon lui, par ces faits-divers aussi banals que sordides. Et de conclure son plaidoyer comme suit : "Les gens qui aiment la vie, dans les accidents bien souvent la perdent. Et ceux qui ne l'aiment pas bien, souvent, s'en sortent indemnes. Ce constat, simple comme bonjour, ne mérite pas 50 heures de direct".