Une semaine après les attentats, où en est l'enquête ?

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Abdelhamid Abaaoud est mort pendant l'assaut mené mercredi dès l'aube, dans le centre de Saint-Denis. © Ministère de l'Intérieur / DICOM / F. PELLIER
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Pierre de Cossette et C.P.-R. , modifié à
Une semaine après les attaques survenues à Paris, l'enquête marque un certain nombre d'avancées. Europe 1 fait le point.

Une semaine jour pour jour après les attentats, le travail des enquêteurs s'accélère. Depuis vendredi, l'identité de la femme retrouvée dans les décombres de l'immeuble de Saint Denis, visé par l'assaut de la police mercredi, est établie. Elle s'appelle Hasna Ait Boulahcen et est âgée de 26 ans. Mais surtout, c'est la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, mort lui aussi dans l'assaut et considéré comme le chef opérationnel des attentats de Paris et du stade de France.

Enfin, les policiers ont découvert ses empreintes sur l'une des kalachnikovs retrouvées dans la Seat abandonnée à Montreuil. Des éléments matériels qui confirment le rôle central d'Abdelhamid Abaaoud, qui relevaient jusqu'à présent de la conviction policière, étayée par son parcours et ses relations avec l'un des protagonistes des attentats.

Abaaoud filmé dans le métro le soir des attentats. Depuis jeudi, les policiers savent avec certitude que le djihadiste belge, chef opérationnel présumé des attaques, a pris le métro vendredi soir, le soir-même des attentats. Son image a en effet été captée par les caméras de surveillance de la RATP, peu après 22 heures, au métro Croix de Chavaux, à Montreuil.

Les enquêteurs ont réussi à retrouver sa trace, à 500 mètres seulement du lieu où la Seat Leon noire a été retrouvée, grâce à un minutieux et fastidieux travail de visionnage des bandes de vidéosurveillance de la RATP. C'est ce véhicule qui a servi à faire la tournée meurtrière des terrasses dans les Xe et XIe arrondissements de Paris, vendredi soir dernier.

Sept suspects relâchés. Sept des huit personnes interpellées mercredi lors de l'assaut policier à Saint-Denis ont par ailleurs été relâchées, tandis que l'homme qui a fourni l'appartement à Abdelhamid Abaaoud reste en garde à vue, a-t-on appris samedi auprès du parquet. Jawad Bendaoud avait expliqué à l'AFP juste avant son interpellation en marge de l'assaut avoir hébergé "pour rendre service" deux personnes "qui venaient de Belgique" et "voulaient juste de l'eau et faire la prière". La garde à vue peut durer jusqu'à 144 heures, soit six jours, dans une enquête terroriste et en cas de menace imminente.

Abaaoud pourrait avoir participé aux fusillades dans Paris. Surtout, grâce à l'exploitation technique de la voiture, les enquêteurs de la police scientifique ont isolé les empreintes digitales d'Abaaoud. Ce qui prouve, a minima, qu'il a manipulé les armes. Un élément qui pourrait signifier que le Bruxellois de 28 ans faisait partie du commando qui, en moins d'une demi-heure, a tiré en rafales sur les terrasses de quatre bars et restaurants du cœur de la capitale, tuant une trentaine de personnes à bord de cette Seat Leon noire, immatriculée en Belgique et louée au nom de Salah Abdeslam.

Où est Salah Abdeslam ? Dans cette voiture se trouvaient déjà,  selon toute vraisemblance, deux des frères Abdeslam, Salah et Brahim. Ce dernier s'est fait exploser dans un bistrot du boulevard Voltaire, tandis que  l'autre, Salah, recherché par toutes les polices européennes, demeure toujours introuvable. Salah était-il plutôt chargé d'une attaque dans le XVIIIe arrondissement mentionnée dans la revendication des attentats par le groupe Etat islamique, mais qui n'a jamais eu lieu ? C'est là en tout cas qu'a été retrouvée une Clio noire qu'il a louée. 

Ce Français résidant en Belgique depuis de nombreuses années a pu repartir là-bas, mais rien ne dit qu'il ne pourrait pas être le troisième mort dans l'assaut ayant eu lieu mercredi à l'aube, en plein cœur de Saint-Denis. Le lendemain, il semble avoir été exfiltré vers la Belgique par deux complices présumés appelés à la rescousse, Mohammed Amri et Hamza Attou. "Salah était extrêmement énervé et peut-être (...) prêt à se faire sauter", selon l'avocate d'Attou. Quoi qu'il en soit, les enquêteurs perdent alors sa trace. Seule certitude : des papiers d'identité à son nom ont été présentés le 14 novembre aux gendarmes français lors d'un "simple" contrôle routier matinal à Cambrai. 

D'Hasna Ait Boulahcen à Abdelhamid Abaaoud. Dans l'assaut de Saint-Denis, mené par plus de 100 hommes du Raid et de la BRI, trois terroristes sont morts, dont deux ont été identifiés. Il s'agit du fameux Abdelhamid Abaaoud et de sa cousine, Hasna Ait Boulahcen. En ce qui concerne la cousine, ce sont ses empreintes digitales qui ont permis aux policiers de l'identifier. Et contrairement à ce que l'on pensait au départ, celle-ci ne portait pas de ceinture d'explosifs. Hasna Ait Boulahcen ne s'est donc pas fait exploser.

Pour l'instant, il est encore tôt pour déterminer le rôle de cette femme. Toujours est-il que son identification est une confirmation pour les enquêteurs, qui n'avaient pas beaucoup de doutes sur sa présence dans l'appartement. En effet, les services antiterroristes l'avaient placée sur écoute, ce qui les a certainement aidés à localiser Abdelhamid Abaaoud, qu'ils considèrent comme le chef opérationnel des attentats ayant frappé Paris et le stade de France, le 13 novembre dernier.

Le kamikaze de Saint-Denis pas connu de la police. Quant au troisième homme mort en kamikaze dans cet appartement de Saint-Denis, les enquêteurs ont réussi à isoler son ADN, mais celui-ci n'apparaît pas dans les fichiers de la police française. A-t-il participé directement aux attentats ? Les expertises se poursuivent.