Une jeune fille aurait été torturée pendant des mois par un homme rencontré sur internet

"Les militaires de la section de recherches (de la gendarmerie) ont enquêté sur des personnes socialement très défavorisées qui n'avaient pas d'antécédents judiciaires", a commenté le procureur, évoquant "une affaire particulièrement nauséabonde".
"Les militaires de la section de recherches (de la gendarmerie) ont enquêté sur des personnes socialement très défavorisées qui n'avaient pas d'antécédents judiciaires", a commenté le procureur, évoquant "une affaire particulièrement nauséabonde". © PASCAL PAVANI / AFP
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Europe 1 avec AFP
Un homme a été mis en examen à Béziers (Hérault), avec quatre personnes de sa famille, accusés d'avoir séquestré, torturé et affamé pendant plusieurs mois une jeune fille de 19 ans rencontrée sur internet avant de l'abandonner dans la nature 

Il aurait séquestré, torturé et affamé pendant plusieurs mois une jeune fille de 19 ans rencontrée sur internet avant de l'abandonner dans la nature : un homme a été mis en examen à Béziers (Hérault), avec quatre personnes de sa famille, a annoncé vendredi le parquet. Le 2 novembre 2019, "une jeune femme inconsciente était découverte par un vététiste dans une zone isolée en bord de voie à Vias (Hérault)", explique le procureur Raphaël Balland dans un communiqué.

"A partir du mois de septembre 2019, il l'aurait maltraitée, enfermée dans un cagibi cadenassé"

"En hypothermie (22°), légèrement vêtue malgré de basses températures, pesant moins de 40 kg et le visage tuméfié, elle avait été hospitalisée en état d'urgence absolue à Montpellier" et tombait dans un coma durant neuf jours. La victime, originaire de Châteauroux, souffrait d'importantes difficultés sociales. Elle avait rejoint à l'été 2019, à Agde (Hérault), un homme de 22 ans rencontré sur les réseaux sociaux, et était hébergée chez cet homme et son frère de 24 ans.

"A partir du mois de septembre 2019, il l'aurait maltraitée, enfermée dans un cagibi cadenassé, attachée, bâillonnée, régulièrement battue, vivant dans un état de saleté permanent, privée d'aliments et de soins et même parfois forcée à manger des excréments de chats", précise le procureur. La jeune femme aurait aussi été forcée à reverser à son bourreau ses prestations sociales, "notamment pour s'acheter des jeux vidéos".

Le 1er novembre, après de nouvelles violences qui avaient aggravé l'état de santé de la victime, les deux frères de 22 et 24 ans ont décidé, avec leur mère, "d'extraire la victime du logement mais de ne pas la conduire dans un hôpital, de peur d'être dénoncés. Ils la transportaient alors en véhicule pour l'abandonner, de nuit, à l'endroit de sa découverte par le cycliste le lendemain matin", précise le procureur dans son communiqué. Un troisième frère, âgé de 25 ans "aurait appris cet abandon de la victime sans prévenir les secours", ajoute-t-il.

Les deux frères de 22 et 24 ans ont été mis en examen le 26 février pour séquestration en vue de faciliter des actes de torture et de barbarie et des extorsions des moyens de paiement de la victime et écroués, comme leur mère et son compagnon, mis en examen notamment pour abstention volontaire d'empêcher un crime. Le troisième frère a quant à lui été placé sous contrôle judiciaire, après avoir été mis en examen pour abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit contre l'intégrité des personnes.

"La victime n'est toujours pas en capacité de parler et n'a toujours pas parlé"

Âgée de 44 ans, la mère est également accusée de modification de l'état des lieux d'un crime pour faire obstacle à la manifestation de la vérité. Le parquet de Béziers a également demandé la mise en examen des deux frères de 22 et 24 ans et de leur mère pour "tentative d'assassinat" pour avoir abandonné la victime en pleine nuit, "agonisante et très légèrement vêtue, malgré des températures hivernales, dans un lieu isolé". Cette demande de mise en examen pour tentative d'assassinat a été rejetée par le juge d'instruction, mais le parquet a interjeté appel de ce refus.

La victime est à ce jour toujours hospitalisée et dans un état psychologique fragile. "Les militaires de la section de recherches (de la gendarmerie) ont enquêté sur des personnes socialement très défavorisées qui n'avaient pas d'antécédents judiciaires", a commenté Raphaël Balland, évoquant "une affaire particulièrement nauséabonde".

"La victime n'est toujours pas en capacité de parler et n'a toujours pas parlé. Nous ne savons même pas si elle sera un jour en capacité de le faire", a poursuivi auprès de l'AFP le magistrat. "Voudra-t-elle un jour parler? Nous sommes dans l'inconnu", a-t-il ajouté, rappelant : "Soyons clairs. Nous n'avons qu'une seule version, celle du principal mis en cause. Restent encore de nombreuses questions sans réponses."