Trente ans requis contre un vrai-faux handicapé jugé pour l'assassinat de son beau-fils

La cour d'assise de l'Essonne a requis trente ans de prison contre le prévenu, dont quinze de sûreté.
La cour d'assise de l'Essonne a requis trente ans de prison contre le prévenu, dont quinze de sûreté. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP , modifié à
Le handicap n'a jamais pu être prouvé ou contesté pendant les seize ans de procédure judiciaire.

Sa comparution en fauteuil roulant n'a pas convaincu l'accusation : trente ans de réclusion ont été requis vendredi à Évry contre un homme de 59 ans, accusé d'avoir assassiné son beau-fils, mais qui allègue son handicap pour mieux clamer son innocence. "Pas sérieuse", "pathétique" : l'avocate générale, qui a également réclamé une peine de sûreté de quinze ans, a moqué la ligne de défense de l'accusé, qui a été jusqu'à évoquer l'existence d'"un double".

Bagarre et coup de feu. Le 1er juillet 2000, le corps de Julien, 17 ans, avait été découvert dans la cave de son immeuble de Massy, dans l'Essonne, une balle dans la tête. Quelques heures plus tôt, un témoin avait aperçu l'accusé, Sylvain Sellam, se diriger, suivi de la victime, vers les caves avant d'entendre des bruits de bagarre et un coup de feu. Devant la cour d'assises de l'Essonne, l'accusé, qui en venait régulièrement aux poings avec son beau-fils, fournit les deux mêmes alibis depuis seize ans : il n'était pas là la nuit du drame et il se déplace en fauteuil roulant depuis un accident du travail en 1993.

Le premier alibi a volé en éclats quand une amie, qui avait assuré l'avoir hébergé le jour du meurtre, a reconnu ensuite avoir menti. Quant à son handicap, ses explications ont souvent varié selon ses interlocuteurs : chute d'une échelle, accident de voiture, tumeur au cerveau. Et nombreux sont les témoins à l'avoir vu marcher sans béquille ou travailler sur le chantier de son pavillon, ne sortant son fauteuil roulant que lors de ses convocations devant les organismes sociaux.

"Sursimulation". Cinq expertises et contre-expertises ont été diligentées au long de l'instruction, sans que celles-ci ne permettent de trancher définitivement sur la réalité de cette paraplégie. L'accusé a par ailleurs toujours refusé l'IRM qui aurait pu le disculper. À l'audience, un expert a évoqué "la sursimulation" d'un homme qui "se rendait malade pour pouvoir se plaindre". Un autre médecin a décrit un accusé "réfugié dans un statut de personne handicapée". "C'est une problématique purement psychologique. La personne devient ensuite prisonnière de cette image."

Séquestration de son ex-épouse. Qu'il soit condamné ou acquitté, l'accusé retournera en prison puisqu'il a été condamné en appel par la cour d'Indre-et-Loire en mars dernier à quinze ans de réclusion pour la séquestration avec violences de son ex-épouse en 2008. Il s'est pourvu en cassation dans ce dossier. En première instance comme lors du second procès, il avait déjà nié jusqu'au bout sa culpabilité, invoquant également sa prétendue paraplégie.