«Tout le quartier le pleure aujourd'hui», émotion à Nîmes après la mort d'un enfant de 10 ans, tué par balles

A Nîmes, une jeune garçon de 10 ans a été tué dans une fusillade sur fond de trafic de drogue. 2:54
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Stéphane Burgatt (correspondant à Nîmes) / Crédit photo : NICOLAS TUCAT / AFP
Dans la soirée de lundi, un enfant de 10 ans perdait la vie dans un quartier sensible de Nîmes après avoir été touché par une balle à l'intérieur de la voiture que conduisait son oncle. Le jeune garçon a été la victime collatérale d'un possible règlement de compte sur fond de trafic de drogue. Dans le quartier, la consternation prédomine.

Au mauvais endroit, au mauvais moment. Difficile de décrire autrement les circonstances entourant cette fusillade qui a mortellement blessé un enfant de dix ans dans la nuit de lundi à mardi dans un quartier sensible de Nîmes. Le jeune garçon rentrait du restaurant vers 23h30 et se trouvait dans la voiture conduite par son oncle. Le véhicule a été criblé de balle et l'enfant a été touché dans le dos et son décès est intervenu très rapidement. Son oncle a reçu trois balles dans le corps, mais se trouve désormais hors de danger. Il était inconnu des services de police et n'était d'aucune façon associé au trafic de drogue, responsable de cette fusillade à l'issue dramatique. 

Dans le quartier Pissevin, gangréné par cette économie parallèle, la stupeur se mêle à la tristesse. Des habitants se sont rassemblés dans l'après-midi sous le peu d'ombre offerte autour de cette placette située juste à côté des lieux du drame, le regard perdu dans le vide pour la plupart. À l'image de cette référente pédagogique qui connaissait la jeune victime. 

"Il avait soif de réussite" 

"C'était un gamin plein de vie. Il avait envie de s'en sortir. Il rencontrait des difficultés scolaires, mais minimes. Il s'est battu comme jamais et il allait rentrer en 6e. Il avait soif de réussite. Il est issu d'une très bonne famille, une famille sans problème. Tout le quartier le pleure aujourd'hui", témoigne-t-elle. 

Au même moment, l'agitation s'est emparée du quartier avec l'arrivée d'une vingtaine d'agents de la CRS 8, cette unité d'élite spécialisée dans les violences urbaines. Ces forces de l'ordre pénètrent en première ligne dans les artères entre les tours. On peut y voir notamment un point de vente de stupéfiants abandonné à la hâte, mais aussi le tableau des prix du haschich. Quelques boissons restent également en évidence sur une table. 

"Sécuriser et pacifier le quartier" 

Le calme doit revenir de façon urgente dans ce quartier, assure Anne Valat, directrice départementale adjointe de la sécurité publique. "L'objectif, pour l'instant, c'est de sécuriser et de pacifier le quartier au maximum et d'essayer de faire en sorte que les habitants retrouvent un tout petit peu de sérénité après ce qui s'est passé hier soir. On sera très présent ce soir tout particulièrement. C'est un quartier où l'on fait toujours très attention. Quand on intervient, on lève souvent les yeux vers le ciel. Pour l'instant, nous avons une vingtaine de fonctionnaires avec probablement une montée en puissance sur les prochains jours". 

À leur arrivée, des agents de la CRS 8 ont été nargués de très loin par de jeunes adolescents. Ils progressent, en ce moment, dans les couloirs des différents blocs. De quoi laisser désormais la place aux enquêteurs de la police judiciaire qui interviennent à leur tour dans le quartier au lendemain d'une véritable scène de guérilla. Des habitants ont vu plusieurs individus, porteurs d'armes longues de type Kalachnikov, courir dans la rue en direction d'un point de deal. Ce mardi soir, ces individus sont toujours activement recherchés.