Un enfant de 10 ans a été tué dans une fusillade dans la nuit de lundi à mardi. 2:27
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Stéphane Burgatt avec AFP / Crédit photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Un enfant de dix ans a été tué dans une fusillade dans la nuit de lundi à mardi dans le secteur de l'avenue des Arts, quartier Pissevin, au sud-ouest de Nîmes. Ce quartier est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

Un enfant de dix ans a perdu la vie lundi soir à Nîmes, touché par balle dans une fusillade dans le quartier populaire de Pissevin, sans doute victime de la guerre entre trafiquants de drogues qui gangrène plusieurs quartiers de cette ville.

"Nîmes : un enfant de 10 ans tué lors de ce qui semble être un règlement de comptes entre trafiquants. C'est un immense drame qui ne restera pas impuni", a réagi mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur X (anciennement Twitter), en annonçant pour la journée l'arrivée de certains membres de la CRS 8, une unité de policiers spécialisés dans la gestion des violences urbaines actuellement déployée à Marseille.

Le garçon se trouvait à l'arrière d'un véhicule

"Suite à des échanges de tirs au sein du quartier Pissevin, dans l'ouest de Nîmes, un enfant de 10 ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger", a précisé de son côté la procureure de la République de Nîmes Cécile Gensac dans un communiqué, annonçant une communication ultérieure dans la journée.

D'après les informations d'Europe 1, l'enfant de dix ans est décédé après avoir été traîné entre l'avenue des Arts - où ont eu lieu les tirs - et le CHU de Nîmes. Son oncle, qui a démarré rapidement après les premiers tirs, pensait que son neveu avait réussi à sortir de la voiture. Mais l'enfant, qui se trouvait à l'arrière du véhicule, est resté coincé par la ceinture de sécurité à l'extérieur de la voiture. Il est décédé quelques minutes après son arrivée au CHU. Le médecin légiste a constaté une blessure par balle dans le dos.

L'homme blessé est le conducteur, son oncle, âgé de 27 ans. Un autre enfant se trouvant à l'arrière, âgé de 7 ans, est lui sorti sain et sauf. De source policière, l'oncle de l'enfant n'est pas connu de la police. Il a trois impacts de balles dans le dos mais son pronostic vital n'est pas engagé. Toujours de source policière, les tireurs seraient au nombre de quatre. Ils étaient toujours en fuite et recherchés mardi matin. Une cinquantaine de douilles ont été retrouvées sur les lieux de la fusillade par la police technique et scientifique.

"Guerres de territoires"

Dimanche, un adolescent de 14 ans avait été blessé par balles non loin de là par des tireurs circulant à bord d'une Renault Clio. Selon une piste envisagée par les enquêteurs, la Mégane de l'oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille. Ce quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu dans les quartiers de Pissevin, du Chemin Bas et du Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.

"Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme"

Ces trois quartiers avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants. A Pissevin, 70% des 13.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46%.

"Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme et sont des règlements de compte dans le cadre soit de guerres de territoire, soit de conflits commerciaux", avait alors précisé Eric Maurel: "On est en présence d'individus parfois très jeunes qui ont accès à des armes de guerre, notamment des fusils d'assaut de type Kalachnikov AK-47 ou M-16", soulignait le magistrat, estimant que Nîmes était devenue quasiment "une centrale d'achat de la drogue".

Le quartier de Pissevin, dit de "reconquête républicaine", avait fait parler de lui en juin quand un journaliste reporter d'images y avait été agressé par deux hommes. La mairie avait alors décidé d'y fermer jusqu'à nouvel ordre la médiathèque municipale, évoquant l'aggravation des violences liées aux trafics de drogue. Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, avait alors réclamé "l'affectation de façon quasi-permanente d'une unité de force mobile". À l'occasion de ces faits, la procureure de Nîmes Cécile Gensac avait souligné que, depuis un an, "138 jugements concernant 66 auteurs ont été rendus" en matière de drogues à Nîmes, "soit une hausse de 253,7% des décisions de condamnations pénales".