Syndicaliste éborgné en 2016 : 2 à 3 ans de prison avec sursis requis contre un CRS

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Un CRS a éborgné un syndicaliste en marge d'une manifestation contre la loi travail en 2016. © MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP
Trois ans d'emprisonnement avec sursis ont été requis à l'encontre d'un CRS, Alexandre M., jugé devant la cour d'assises de Paris pour un lancer injustifié de grenade qui a éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation contre la loi travail en 2016. Il a été demandé que cette peine soit assortie d'une interdiction de port d'arme pendant cinq ans.

L'accusation a requis mercredi deux à trois ans d'emprisonnement avec sursis à l'encontre d'un CRS, jugé devant la cour d'assises de Paris pour un lancer injustifié de grenade qui a éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation contre la loi travail en 2016. L'avocat général Christophe Auger a demandé que cette peine de sursis simple soit assortie d'une interdiction de port d'arme pendant cinq ans, mais a dit "ne pas (souhaiter) que soit prononcée une interdiction d'exercer" contre le brigadier-chef de 54 ans.

Alexandre M. comparaît depuis lundi libre sous contrôle judiciaire pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné l'infirmité permanente de Laurent Theron.

Un secrétaire hospitalier qui a perdu l'usage de son œil droit

Ce secrétaire hospitalier et militant syndical de Sud-Santé a perdu définitivement l'usage de son œil droit après avoir été atteint par un galet d'une grenade de désencerclement (GMD) le 15 septembre 2016 à Paris. Les faits s'étaient produits peu avant 17 heures ce jour-là, alors que les forces de l'ordre dispersaient les opposants à la loi travail sur la place de la République, à l'issue d'une manifestation marquée par des heurts et l'embrasement d'un policier touché par un cocktail Molotov.

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Alexandre M., qui venait de rejoindre sa compagnie de CRS après vingt ans en poste dans un commissariat de nuit et qui n'était pas formé au maintien de l'ordre, a défendu mardi soir à la barre un jet de grenade "nécessaire" face au "déchaînement de violences" de "groupes hostiles" de manifestants. "Il fallait absolument le faire. Il me fallait les déstabiliser pour protéger mes hommes", a déclaré le brigadier-chef, ajoutant avoir agi après avoir reçu un "projectile sur le bras".

Pas de "légitime défense", selon l'avocat général

L'avocat général a considéré au contraire que lors de cette opération de dégagement de la place, le brigadier-chef, qui était passé chef de groupe en cours de manifestation, n'était ni "en danger imminent" ni en "état de légitime défense", deux des causes pouvant exonérer sa responsabilité pénale.

Avant le réquisitoire, Laurent Theron, partie civile au procès, avait demandé par la voix de son avocate Lucie Simon à la cour de "faire en sorte" que le policier "ne puisse plus exercer". Le verdict est attendu dans la soirée.