Les policiers sont soupçonnés d'avoir réalisé leurs interpellations en rémunérant des indics (photo d'illustration). 1:23
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Chloé Triomphe, édité par Margaux Lannuzel avec AFP , modifié à
Six policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du 18ème arrondissement de Paris, soupçonnés d'avoir notamment racketté des dealers, placé de la drogue sur des suspects ou encore falsifié des procès-verbaux, sont jugés à partir de mercredi et jusqu'au 12 février, au côté de deux de leurs "informateurs".  

Ils sont accusés d'avoir eu des comportements dignes des trafiquants qu'ils traquaient. Affectés à la brigade anti-criminalité (BAC) du 18ème arrondissement parisien, six policiers sont soupçonnés d'avoir réalisé leurs interpellations en rémunérant des indicateurs, placé de la drogue sur des suspects, voire même racketté certains dealers. 

"Il y a des ripoux dans ta BAC"

À l'origine de ce dossier, il y a une rumeur insistante, qui est remontée jusqu'aux oreilles de la commissaire. Un jour, en pleine rue, un dealer lui lance : "Eh chef, il y a des ripoux dans ta bac !". Parmi les policiers désignés, un homme fait figure de leader. Surnommé Bylka, pour kabyle en verlan, cet homme à qui les "belles affaires" résolues valaient les félicitations de sa hiérarchie est soupçonné d'avoir pris des enveloppes pour tolérer le trafic des dealers et piégé ces derniers avec de fausses quantités de stupéfiants.

"Les contacts avec des indicateurs, avec des guetteurs, c'est un travail de terrain, dangereux parce que la ligne peut être franchie assez facilement", reconnaît au micro d'Europe 1 son avocat, Me Patrick Maisonneuve. "Mais en même temps, on demande à ces fonctionnaires de police de procéder à des arrestations, des interpellations. Il faut faire du chiffre, et parfois le résultat peut être obtenu avec des moyens qui peuvent être discutables. Mais ni somme d'argent - il n'a pas été payé -, ni trafic de stupéfiants en ce qui le concerne", assure le conseil.  

Deux galettes de crack subtilisées à un suspect

En détention provisoire depuis juin 2019, cet homme dont les investigations ont démontré qu'il n'avait retiré aucune espèce pendant quatre ans, doit comparaître pour corruption, trafic de stupéfiants, faux en écriture publique et blanchiment notamment, avec cinq membres de son équipe, suspendus de leurs fonctions. Sur la base d'écoutes, trois policiers sont notamment soupçonnés d'avoir subtilisé deux galettes de crack et un couteau à un suspect puis d'avoir fait semblant de découvrir la drogue sur un autre homme, pour le faire accuser. L'un des fonctionnaires reconnaîtra un "habillage", les deux autres nient.

Jusqu'au 12 février, ils seront huit au total sur le banc des prévenus : deux informateurs sont jugés aux côtés des "ripoux" présumés".