Qu'est-il arrivé à Clément, 16 ans, retrouvé mort dans un étang de la Somme ?

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Une marche blanche en mémoire de Clément a été organisé le 4 avril dans la Somme. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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Anaïs Huet , modifié à
Harcelé dans son internat, Clément Brisse a été découvert mort le 30 mars, dans un étang de la Somme. Les enquêteurs tentent de savoir s'il s'agit d'un suicide, ou d'un meurtre.

Les causes de la mort de Clément Brisse demeurent floues, dix jours après la découverte du corps de cet adolescent de 16 ans, dans un étang de la Somme. Le jeune homme, victime de harcèlement dans son internat, portait la marque d'une plaie mortelle au niveau de la gorge, ainsi que d'une plaie secondaire au niveau de l'abdomen, infligées à l'aide d'un objet tranchant. Une enquête pour "homicide involontaire" a été ouverte par le parquet d'Amiens. Mais pour l'heure, rien ne permet de savoir si le jeune homme s'est infligé lui-même ses blessures, ou s'il a été mortellement agressé. 

La souffrance du harcèlement

Clément avait entamé à la rentrée sa deuxième année d'apprentissage d'agent polyvalent de restauration, au lycée Jean-Charles-Peltier à Ham, dans la Somme. Son meilleur ami, interrogé par Le Courrier Picard, le décrit comme "un garçon sympa, calme, qui aimait les jeux vidéo, les réseaux sociaux". L'adolescent était "maigre et il subissait les moqueries de certains", précise-t-il. 

Les enquêteurs comprennent rapidement que l'adolescent était victime de harcèlement, notamment à l'internat. La situation s'était aggravée depuis l'arrivée d'un nouvel élève, plus grand et plus âgé. Dans Le Courrier Picard, le meilleur ami de Clément témoigne : "il a commencé à le harceler verbalement, puis deux autres élèves s'y sont mis. Clément se laissait faire, car il avait peur d’être frappé." Les brimades s'intensifient : les harceleurs lui cassent son téléphone portable, lui font avaler des médicaments dissimulés dans un gâteau, et finissent par lui raser la tête contre son gré, raconte son meilleur ami. Ce n'est qu'à ce moment-là que Clément décide de parler du harcèlement qu'il subit à sa famille.

L'adolescent s'exprime davantage sur les réseaux sociaux, où il n'hésite pas à faire part de son mal-être. Ils dénoncent les "faux-amis" qui "le rabaissent de plus en plus". En décembre 2016, il décrit sa vie comme un "enfer", et confie : "J'en ai marre de cette vie. Je risque même de me suicider".

Toujours aucune arme retrouvée 

D'intenses recherches ont été opérées près de l'endroit de la découverte du corps, sans que les enquêteurs ne puissent mettre la main sur l'objet tranchant qui fait défaut. Selon les informations du Parisien, de nouvelles fouilles devraient être entreprises sur les lieux où le corps de Clément a été découvert, afin de retrouver l'arme. L'étang du bois de Délicourt pourrait même être vidé.

Le meilleur ami de Clément affirme ne pas croire "une seule seconde au suicide". Avant que Clément ne disparaisse, les deux amis ont déjeuné ensemble à la cantine de l'internat. Si Clément avait dérobé un couteau, il "l'aurait vu", assure l'adolescent. "En plus, ce sont des couteaux à beurre, arrondis. Clément était peureux. Il aurait été incapable de se poignarder", assure-t-il. Interrogé par Le Parisien, l'oncle maternel de Clément est habité par la même conviction. Selon lui, Clément était "incapable de se tuer avec un couteau car il redoutait plus que tout une simple piqûre pour une prise de sang".

Le principal harceleur de Clément a été entendu par les enquêteurs et mis hors de cause. Au moment de la disparition de l'adolescent, il était en stage loin de Ham. D'autres élèves qui harcelaient Clément ont aussi été entendus par les enquêteurs, qui continuent à chercher la vérité sur les circonstances de la mort de ce jeune homme de seulement 16 ans.