Projet d'attentat à Paris : qui est Youssef Ettaoujar ?

Youssouf Ettaoujar, lors de son procès devant le tribunal correctionnel de Paris, en 2014.
Youssouf Ettaoujar, lors de son procès devant le tribunal correctionnel de Paris, en 2014. © BENOIT PEYRUCQ / AFP
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C.B avec Alain Acco
Quatre islamistes présumés ont été arrêtés mercredi dans le cadre d'une enquête pour "projet d'actions violentes". La tête pensante de ce projet est loin d’être un inconnu des services.

Il était suivi de près par les services de renseignements. Youssouf Ettaoujar a été interpellé mercredi en région parisienne dans le cadre d'une enquête pour "projet d'actions violentes" en France. Déjà bien connu des services de police et de justice pour avoir entrepris un voyage avorté en Syrie en mai 2014, ce Parisien de 28 ans a passé la nuit en garde à vue, aux côtés de trois proches, tous fichés S. Les quatre islamistes présumés - Youssouf Ettaoujar, sa compagne et ses deux frères sont entendus dans les locaux de la DGSI à Levallois-Perret. Au cœur de l’enquête : le profil de Youssouf Ettaoujar, un djihadiste aux convictions radicales évidentes, soupçonné d’être l’instigateur des projets d’attentat en France.

L’amateurisme des candidats au djihad. Pour cet islamiste convaincu, qui a eu le bon goût d’appeler sa fille Jihad, le djihad est une obsession. Ses velléités de départ en Syrie se concrétisent en 2012. Cette année-là, le jeune homme n’a qu’une idée en tête : faire le djihad. Reste encore à trouver une destination. Youssouf Ettaoujar et ses deux complices envisagent dans un premier temps de partir au Mali, en Tunisie ou encore en Libye. Selon les écoutes téléphoniques, les apprentis djihadistes ont même pensé rejoindre le Yemen, en bateau pneumatique, depuis les côtes soudanaises. Finalement, Youssouf Ettaoujar tranche. Ce sera la Syrie.

Présenté comme l’émir du groupe, il a été arrêté le 14 mai 2012 à l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, près de Saint-Etienne, dans la Loire. Il s'apprêtait, en compagnie de ses deux complices, à prendre un avion pour Gaziantep, en Turquie, porte d’entrée pour la Syrie. Dans ses bagages, les enquêteurs mettent la main sur l’attirail du parfait djihadiste : un étui pour revolver, un gilet tactique, une cagoule, deux téléphones portables, une caméra et des jumelles nocturnes, indique Le Parisien.

Narquois et détaché à son procès. Durant son procès, en janvier 2014, Youssouf Ettaoujar assure d’un air narquois qu’il entreprenait simplement un voyage humanitaire. Selon ses propos, son projet était de filmer les camps de réfugiés. Mais les photos retrouvées sur son ordinaire finissent par convaincre les juges  des ambitions djihadistes du jeune homme. L’une des images le montre visage dissimulé portant un sabre aux côtés de son neveu. "Un délire", se défend le jeune homme peu concerné par les débats.

Les juges du tribunal correctionnel de Paris le condamnent à cinq ans de prison, dont un an avec sursis. Un jugement prononcé le 7 mars 2014, en son absence, puisqu’il avait refusé d’être extrait de sa cellule de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Ses deux complices, eux, écopent de quatre ans de prison. Mais l’un d’entre eux, Salah-Eddine Gourmat, qui comparaissait libre a pris la fuite à l’issue du délibéré. Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt, il est suspecté d’avoir rejoint les rangs de l’Etat islamique en Syrie.

En contact avec un complice ayant rejoint la Syrie ? Youssouf Ettaoujar, libéré en octobre 2015, était-il en contact avec lui pour orchestrer son projet d’attentat sur le sol français ? C’est l’une des questions à laquelle les enquêteurs doivent répondre. Selon les informations d’Europe 1, il est soupçonné d'avoir été en contact, ces dernières semaines, avec des membres de l'Etat islamique. Youssouf Ettaoujar, surveillé de près par la Direction générale de la sécurité intérieure (DSGI), était assigné à résidence depuis l’état d’urgence instauré après les attentats du 13 novembre. Une enquête a été ouverte en février pour "suspicion de passage à l'acte sur le territoire national".

Pas de projet imminent. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a toutefois appelé à "être extrêmement prudent quant aux informations qui sont véhiculées sur l'imminence d'une action violente", précisant que les autorités procédaient "tous les jours à des arrestations de cette nature". "On ne peut parler à ce stade de projet imminent d'attentat", a insisté une des sources policières. Lors des perquisitions, "une cartouche de kalachnikov non percutée, du matériel informatique et des supports numériques ont été saisis et doivent être analysés", selon la source judiciaire. La garde à vue des quatre suspects peut se prolonger jusqu'à 96 heures.