Procès Lelandais 1:29
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avec AFP
"Un loup dans la bergerie": appelés à témoigner mardi au procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre de la petite Maëlys en marge de leur fête de mariage en 2017, les mariés se sont dits en "colère" d'avoir invité l'accusé sans jamais avoir imaginé sa "noirceur".

Appelés l'un après l'autre à la barre en ce septième jour de procès à Grenoble, les deux époux, lui militaire, elle cadre d'administration, ont exprimé leur douleur et leurs regrets d'avoir ouvert leur porte à Nordahl Lelandais en ce soir d'août 2017, alors qu'ils l'avaient à l'époque perdu de vue et qu'il ne figurait pas sur la liste des invités.

Le mariage vire au "cauchemar"

C'est lors de ce mariage que Maëlys De Araujo, âgée de huit ans, avait brutalement disparu de la fête vers 3h du matin. Rapidement soupçonné et incarcéré, l'ancien maître-chien dans l'armée mettra des mois à admettre qu'il l'a tuée, selon lui "involontairement", et à conduire les enquêteurs à l'endroit où il avait abandonné son corps, dans un site de montagne isolé.

A l'époque et bien qu'il ne le fréquente plus depuis un certain temps, le marié explique qu'il avait "une certaine confiance en" Lelandais, qu'il connaissait depuis une vingtaine d'années. Il raconte comment Nordahl Lelandais le contacte dans les jours précédant le mariage pour le féliciter et qu'il en arrive "naturellement" à l'inviter au vin d'honneur, "comme j'aurais pu inviter d'autres amis perdus de vue". Il n'éprouve à ce moment "aucune crainte".

Mais le mariage vire au "cauchemar" lorsque l'enfant disparaît de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère) où se déroule la soirée, raconte-t-il ensuite. "Je n'y crois pas pendant un quart d'heure-20 minutes. Et puis, on commence à s'affoler".

Le marié dit alors détecter un certain nombre de "voyants d'alarme" relatifs au comportement de Nordahl Lelandais, revenu au mariage après le dîner: il s'est notamment éclipsé avant l'arrivée des gendarmes sans proposer de participer aux recherches avec ses chiens.

Cette impression se renforce encore face à la froideur de l'accusé et aussi lorsqu'on lui rapporte que Nordahl Lelandais a été vu le lendemain en train de nettoyer sa voiture. "J'ai dit 'il faut absolument appeler l'enquêteur'", raconte-t-il.

Au moment où tous s'affairaient à rechercher la fillette, la mariée croise l'ancien militaire à l'entrée de la salle des fêtes et lui demande s'il l'a vue. "Je me souviens très bien de ses mots, il m'a dit 'Mais c'est quelle gamine ?' avec un ton naturel qui n'a éveillé aucun soupçon" chez la jeune femme, se souvient-elle.

"On n'imaginait pas une seule seconde toute la noirceur de l'accusé", poursuit l'épouse. "Cet été-là, on souhaitait juste partager notre bonheur avec notre famille". Pour elle, il ne fait pas de doute que l'accusé "est dangereux et ne doit pas revenir dans la société".

"Essayer de comprendre" 

Le mobile sexuel est au cœur du procès. Et outre le meurtre de l'enfant, Nordahl Lelandais est également jugé pour des agressions sexuelles à l'encontre de deux de ses petites-cousines, âgées de 4 et 6 ans. Confronté aux vidéos qu'il avait lui-même tournées de ces agressions, il a reconnu lundi pour la première fois avoir ressenti des penchants "pédophiles" et affirmé qu'il travaillait avec des psychologues en prison pour "essayer de comprendre".

Il répète en revanche n'avoir "pas violé Maëlys" mais reste vague sur les circonstances dans lesquelles il a emmené la fillette avec lui dans sa voiture avant de lui donner la mort. Son avocat Me Alain Jakubowicz lui a fait repréciser mardi que ses obsessions sexuelles étaient "circonscrites" aux femmes et non à "des enfants".

L'accusé a admis avoir fabriqué une série de photomontages pornographiques en collant des visages de femmes qui lui plaisaient sur des corps en positions plus que suggestives. Notamment avec la photo d'une jeune caissière de supermarché de la région qui l'avait éconduit lorsqu'il avait tenté de la séduire.

"Je la trouvais mignonne", réplique-t-il lorsque la présidente Valérie Blain lui demande pourquoi il a produit ces montages. Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys.

Le verdict est attendu autour du 18 février.