Procès Aurélie Fouquet : Redoine Faïd continue de clamer son innocence

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Guillaume Biet avec C.P.-R. et AFP , modifié à
Le multirécidiviste comparaissait devant la cour d'assises de Paris, mardi, pour le braquage avorté ayant coûté la vie à la policière municipale, en mai 2010. 

Comme à son habitude, il s'est montré volubile, à l'aise au micro du box des accusés. Mardi, après cinq semaines de procès, Redoine Faïd comparaissait devant la cour d'assises de Paris pour la tentative de braquage ayant coûté la vie à Aurélie Fouquet, le 20 mai 2010 à Villiers-sur-Marne. Si le multirécidiviste n'est pas poursuivi pour le meurtre de la première policière municipale tuée en service, il est toutefois soupçonné d'avoir été le cerveau de cette attaque de fourgon blindé avortée.

Redoine Faïd rejette toute implication. Devant la cour, le caïd creillois de 43 ans n'a pas dévié de sa version livrée depuis le départ aux enquêteurs, et au tout début du procès. Il nie en bloc. Et jure inlassablement face aux questions du président, qu'il n'a "rien à voir dans cette affaire", qu'il n'est ici qu'à cause de ses fréquentations à l'esprit "délinquantiel". "Monsieur le Président, je ne suis pas dans cette fusillade, je ne suis pas cinglé, je suis à des années-lumière de cela", répète l'accusé en polo beige, le visage barré d'épais sourcils.

"A des années-lumière" du braquage avorté. A l'époque des faits, au printemps 2010, Redoine Faïd bénéficie d'une liberté conditionnelle depuis un an, après avoir purgé une longue peine pour un braquage de fourgon blindé. Il dit haut et fort s'être rangé des affaires. Le repenti autoproclamé travaille alors comme attaché commercial, tout en consacrant son temps libre à sa famille et à ses projets d'édition et de cinéma. 

Des images de vidéosurveillance compromettantes. Son ancienne vie, celle du grand banditisme, est "une vie de merde", avait lancé, le 2 mars dernier, l'ex-grandit bandit, "caïd des cités", lors de son examen de personnalité devant la cour. Pourtant, lui rappelle mardi le président de la cour, il a bien été filmé la veille des faits par les caméras de vidéosurveillance d'une station-service au volant d'une Renault-Mégane, filmée en tête d'un convoi d'utilitaires qui serviront aux braqueurs le lendemain.

Avec cette assurance qui lui est propre, Redoine Faïd livre son explication à la cour. Il raconte qu'il a été contacté par "quelqu'un" et a bien conduit cette voiture volée. Mais, il n'a pas donné suite et est rentré chez lui, assure-t-il. Les fourgonnettes, il est "catégorique", il ne les a jamais vues. 

"Une personne à l'esprit délinquantiel". Ce fameux "quelqu'un", c'est Olivier Tracoulat, le braqueur blessé - peut-être même mortellement - pendant l'attaque du fourgon blindé ayant viré à la fusillade. Jugé en son absence, cet homme originaire de Creil comme Redoine Faïd est l'un des meurtriers présumés de la jeune policière de 26 ans. Mais Redoine Faïd se refuse à prononcer son nom.

Plusieurs fois, Olivier Tracoulat est venu solliciter Faïd sur son lieu de travail. A entendre l'accusé, ce "gars" le harcèle, "alors qu'il ne veut pas le fréquenter". "C'est mon frère qui m'a amené une personne à l'esprit délinquantiel", justifie Redoine Faïd dont un autre frère est poursuivi lui aussi pour la fusillade fatale de Villiers-sur-Marne. Avant de trancher : "Mon frère, c'est mon frère. Moi, c'est moi. […]" Une manière pour lui de se démarquer un peu plus des huit autres accusés qu'il prétend ne pas connaître, ou si peu.

Faïd, "dénominateur commun" entre les accusés. Car si les policiers sont persuadés que Redoine Faïd a mis sur pied le braquage raté, c'est parce qu'il constitue le "dénominateur commun" entre beaucoup d'accusés. L'un, Jean-Claude Bisel, est son ancien entraîneur de foot. L'autre, Faïd l'a rencontré en prison. Certains, fait remarquer le président, viennent de Creil comme le braqueur médiatique, ce qui ne manque pas d'agacer l'accusé : "C'est pas Game of Thrones là-bas", lâche-t-il. Comme tous ses co-accusés, il encourt la réclusion à perpétuité.