Police scientifique en grève : "on est considérés comme des sous-policiers"

Les agents de la police technique et scientifique ont manifesté mardi à Paris.
Les agents de la police technique et scientifique ont manifesté mardi à Paris. © EUROPE 1/ Guillaume Biet
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Guillaume Biet avec CB , modifié à
Des centaines d'agents de la police scientifique ont manifesté mardi en France pour revendiquer "un statut spécial adapté aux contraintes" de leur métier.

"Les experts en colère !". Des centaines d'agents de la police scientifique ont manifesté mardi en France pour revendiquer "un statut spécial adapté aux contraintes" de leur métier. Plusieurs syndicats de police (SNPPS-Unsa, Snapatsi-CFE-CGC et Snipat-FO) avaient appelé à la grève. Au total, les cortèges ont rassemblé 1.300 manifestants selon l'intersyndicale et "80% des agents" s'étaient déclarés grévistes lundi soir, selon Nathalie Makarsky, du Snapatsi.

>> Europe 1 est allé à la rencontre de ces "experts", à Paris, où 300 agents se sont réunis devant la préfecture de police, avant de manifester jusqu'à l'Assemblée nationale.

"Le contexte est de plus en plus dangereux". Ils sont plus de 2.000 en France. Leur rôle consiste à effectuer des prélèvements sur les scènes de crime et à les analyser pour faire avancer les enquêtes. Aujourd'hui, les agents de la police scientifique et technique estiment prendre les mêmes risques que les policiers de terrain, sans en avoir ni la reconnaissance, ni le statut.

"L'activité a augmenté, les agences de terrain sont sur-sollicités, ils sont épuisés. Et le contexte est de plus en plus dangereux. Il y a trois semaines, en Martinique, des collègues se sont fait tirer dessus à coup de fusil à pompes, alors qu'ils étaient en train de faire des constatations sur un vol de voiture. Ils n'auraient pas eu leurs gilets pare-balles et le tir ne les aurait pas manqués, on aurait peut-être eu des victimes à déplorer", s’alarme Samuel Remy, le secrétaire général du Syndicat National des Personnels de la Police Scientifique, interrogé par Europe 1.

"C'est difficile psychologiquement". Ce dernier réclame donc "une vraie revalorisation des conditions salariales". Samuel Rémy explique : "en fin de carrière, un agent spécialisé peut partir avec le minimum vieillesse à la retraire, alors qu'il a eu une carrière qui a été éprouvante".

Et de détailler la pénibilité des conditions de travail des "experts" : "sur une carrière complète, un agent spécialisé de PTS va intervenir sur 4.500 découvertes de cadavres, ou assistance à autopsie. C'est difficile psychologiquement, on n'a aucun suivi, aucun accompagnement de l'administration".

Samuel Remy estime que les policiers de la PTS souffrent d’un manque de reconnaissance. "Nous restons des sous-policiers par rapport à nos collègues. On sera toujours considéré comme des petites mains, bonnes à ramasser des indices sur les scènes d'infraction", conclut-il.