Mark, rescapé du Thalys : "J’ai attrapé l’arme, on s’est battus"

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Quelques instants après l'attaque, Mark est sur le sol, blessé par le tireur présumé. © AFP
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M.D. , modifié à
Mark a été blessé lors de l’attaque dans le Thalys en voulant dérober l’arme du tireur présumé. Il s’est confié pour la première fois à Paris Match.

Il est l’autre héros de la tuerie évitée dans le Thalys. Mark était jusqu’à vendredi dernier un professeur à la Sorbonne de double nationalité française et américaine. Cet homme de 51 est sorti brutalement de l’anonymat en faisant face au tireur présumé de l’attaque, le Marocain Ayoub El Khazzani. Blessé par balle, il sera comme les trois Américains et le Britannique décoré de la Légion d’honneur pour son geste de bravoure. Il s’exprime pour la première fois chez nos confrères de Paris Match.

"Un jeune homme avec un air étrange". Mark est accompagné ce vendredi de sa femme, Isabelle, qui a témoigné sur l’antenne d’Europe 1. Ils occupent tous les deux les places 71 et 74, à l’entrée de la voiture 12. Leur petit chien dort sagement sous la table. Une demi-heure après l’arrêt du Thalys en gare de Bruxelles, Mark est frappé par le comportement d’un passager.

"Je vois arriver un jeune homme avec un air étrange, qui traîne une grosse valise à roulettes. Il est entré dans les toilettes avec son bagage", explique-t-il. "C’était bizarre, inhabituel. J’ai guetté sa sortie. Mais il s’éternisait".  Mark décide alors d’aller voir et se lève : "je l’ai aperçu qui sortait des toilettes, et j’ai vu qu’un autre homme, jeune apparemment, l’avait agrippé par-derrière et tentait de le maîtriser".

"J’ai pris l’arme !" Le Franco-Américain passe ensuite à l’action : "j’ai attrapé l’arme, on s’est battus". "Je ne sais pas comment", poursuit-il, "mais j’ai réussi à lui arracher la kalachnikov des mains !". Mark porte alors l’arme à bout de bras et s’enfuit dans l’allée en courant. A sa femme Isabelle, il crie : "I’ve got the weapon !" ("J’ai pris l’arme") .

"Je pense : il va m’achever". Mais son euphorie sera courte puisqu’il n’a le temps de s’écarter que de quelques foulées. Le tireur présumé lui tire dans le dos : "j’ai entendu le bruit du coup de feu et j’ai senti une gigantesque douleur dans le dos. Je me suis écroulé par terre entre des fauteuils". Mark lâche l’arme et les yeux mi-clos voit son agresseur ramasser le fusil d’assaut et s’approcher de lui. "Je pense : 'il va m’achever', et je ferme les yeux pour faire le mort".

Sauvé par Spencer Stone. C’est alors qu’il entend quelqu’un qui court dans l’allée, l’Américain Spencer Stone. "Il passe à toute vitesse devant moi, sans s’arrêter, suivi de quelqu’un d’autre". "Mais la douleur brouille mes sens, je sens que je perds beaucoup de sang", témoigne-t-il.

Immédiatement après avoir neutralisé le suspect, Spencer Stone, qui en plus d’être soldat dans l’armée est aussi infirmier, vient comprimer l’artère de Mark avec ses doigts. "C’est très douloureux, très impressionnant mais c’est grâce à lui que je ne suis pas mort d’hémorragie", conclut-il.