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Maximilien Carlier (sur place), avec AFP , modifié à
À Noyelles-sous-Lens, dans le Pas-de-Calais, un couple a été arrêté pour violence sur mineurs. Une fratrie de dix enfants était maltraitée par leurs parents : ligotés à leurs chaises, dans une situation d'hygiène déplorable, certains n'ont jamais touché le sol et montrent des retards de développement. C'est le fils aîné qui a donné l'alerte.

C'est le récit d'une misère social cachée. En début de semaine, à Noyelles-sous-Lens dans le Pas-de-Calais, un couple a été arrêté pour violence sur mineurs et manquement à l'hygiène le plus élémentaire sur leurs enfants. L'un d'eux, âgé de 2 ans, n'a jamais touché le sol. C'est le fils aîné qui a prévenu les services sociaux pour mettre fin à ces horreurs. Derrière une maison ordinaire en brique rouge, avec un grand jardin, des vélos un peu rouillés et un vieux trampoline se cache une fratrie de dix enfants âgés de 4 mois à 24 ans, vivant dans des conditions effroyables. 

Les enfants vivaient dans des conditions d'hygiène déplorables. Ils étaient victimes de privation de liberté et de nombreux sévices, comme des fessées. Ils étaient tous scolarisés mais certains étaient souvent absents. Le parquet a été averti le 30 août par un signalement de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), a indiqué à l'AFP le procureur de la république de Béthune, Thierry Dran, confirmant une information de la Voix du Nord.

Un enfant ligoté "parce qu'il faisait des bêtises"

Deux enfants dormaient attachés sur des chaises hautes, dans un "état d'hygiène déplorable", selon Thierry Dran. Une situation que nient la belle-mère et la grand-mère : "Non, c'était pour qu'ils ne tombent pas de leurs chaises. Dans la maison, tout est propre et correct. Les enfants courraient par terre, ils avaient à manger", affirment-elles. Mais c'est une tout autre réalité que découvrent les policiers quand ils arrivent au domicile. La mère n'arrive pas à gérer ses six marmots alors que le père bricole sur ses voitures. Deux enfants âgés de 2 et 5 ans sont ligotés. Le premier parce qu'il faisait des bêtises. L'autre pour sa protection affirme la mère, car selon elle il a un cancer. 

"Comment peut-on en arriver là ?"

Pour les habitants, c'est la consternation. "On fait des enfants pour les rendre heureux, pas malheureux, sinon ils seront choqués à vie", juge une voisine. "Déjà que je trouve ça effroyable. Moi, ça me met en colère, une mère comme ça je lui donne des baffes." Une riveraine se pose quant à elle des questions sur l'ampleur de cette misère sociale : "Comment peut-on en arriver là ? Pourquoi n'y a t-il pas eu de signalements ?", se demande-t-elle alors que c'est le fils aîné, âgé de 24 ans, qui a tout balancé aux autorités après une dispute avec son beau-père.

Les parents ont aujourd'hui été placés sous contrôle judicaire et certains enfants font l'objet d'une ordonnance de placement provisoire. "Ce qui est reproché, c'est surtout le manque d'hygiène total, et des carences éducatives graves", soit "le fait de ne pas s'être occupé de façon normale de ses enfants", a précisé le procureur. Suite à cette affaire, Charlotte Caubel, secrétaire d'État auprès de la première ministre, chargée de l'enfance, a annoncé dimanche soir qu'elle se rendrait lundi dans le Pas-de-Calais, pour s'entretenir "avec les acteurs locaux de la protection de l'enfance", et "faire un point sur le repérage et la prise en charge de cette situation" ou encore "la protection de tous les enfants dans le département"