Les membres des commandos du 13 novembre étaient connus des services belges

© DENIS CHARLET / AFP
  • Copié
Isabelle Ory et avec AFP , modifié à
Mais aucune mesure particulière n'avait été prise à l'époque par les services de renseignement.

En juin dernier, la bourgmestre - équivalent du maire français - de Molenbeek s'était vu transmettre une liste de 87 noms. Sur cette liste, les habitants radicalisés de la commune, notamment ceux qui ont un lien avec la Syrie. Mohamed Abrini et Salah Abdeslam, soupçonnés d'avoir participé aux attentats de Paris et toujours en cavale, y figurent.  

"Nous n'avions pas plus d'informations précises." Cette liste avait été mise en place par les services de renseignement belges après le démantèlement de la cellule djihadiste de Verviers en janvier dernier. "Nous avions connaissance d'individus qui étaient suspectés d'être partis en Syrie, d'être radicalisés. Mais il n'y avait pas plus d'informations précises. Au niveau de la commune, nous avons une police locale et ces enquêtes doivent se mener au niveau de la sûreté de l'Etat", détaille Françoise Schepmans, bourgmestre de Molenbeek. Sur la liste figure également le nom d'Abdelhamid Abaaoud, que les Belges recherchaient depuis janvier, ainsi que ceux des frères Abdeslam. Ils avaient donc été repérés, tout comme leurs connaissances. Pourtant, ils n'ont apparemment pas fait l'objet d'une surveillance particulière en Belgique.

L'ancien bourgmestre dans le viseur. Mardi, le parti nationaliste flamand N-VA s'est lancé dans un violent réquisitoire contre la gauche francophone, sa bête noire politique, rompant l'unité nationale en vigueur depuis les attentats de Paris. "Vingt ans de laxisme du Parti socialiste (PS) et d'islamo-socialisme nous ont conduit où nous nous trouvons aujourd'hui, avec Bruxelles comme base arrière de la barbarie islamique", a accusé le député régional N-VA Karl Vanlouwe dans un texte publié par le quotidien francophone Le Soir.

Une des figures historiques du PS, Philippe Moureaux, ancien ministre de la Justice et bourgmestre de 1992 à 2012 de la commune bruxelloise de Molenbeek, est particulièrement dans le viseur. "Moureaux était tolérant", critique Karl Vanlouwe, lui reprochant d'avoir fermé les yeux sur ceux qui "intimidaient les filles et femmes sans voile" ou même "vendaient de la drogue et des armes" dans sa commune. "D'autres sont même allés plus loin en se battant aux côtés de l'Etat islamique, en commettant des attentats en Europe de l'Ouest", poursuit l'élu flamand. "Bruxelles et la Belgique méritent mieux que la stratégie de la N-VA qui divise", avait répliqué sur Twitter le PS bruxellois.

Le quotidien français Le Monde avait jeté mardi un autre pavé dans la mare, critiquant la "trop grande tolérance" d'autorités belges surtout soucieuses de ne pas troubler la paix civile". La réponse, cinglante, n'avait pas tardé à venir. "Il n'est pas question de gommer certaines responsabilités et réalités belges, les lourdeurs institutionnelles (...) Mais les critiques seraient plus faciles à accepter si elles venaient (...) d'un Etat qui serait un modèle du vivre ensemble et de l'intégration", pouvait-on lire dans La Libre Belgique, qui concluait : "cela sert parfaitement le jeu de Daech dont le but est de "diviser, diviser, diviser".