Elle avait porté plainte, en vain : procès d'un féminicide à Douai

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Le procès du violeur, meurtrier et ex-compagnon de Sandra s'ouvre ce mardi à la Cour d'assises de Douai. (Illustration) © DENIS CHARLET / AFP
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avec AFP
Une femme est morte sous les coups de son compagnon alors qu'elle avait porté plainte et alerté à son sujet. L'autopsie a révélé quelque 20 fractures et 143 lésions sur le corps de la victime. Ce mardi, la cour d'assise de Douai juge l'auteur des faits, qui les a reconnus, pour viol et meurtre.

Sandra avait été battue à mort en 2015, alors que la police et son entourage étaient alertés de la violence de son compagnon : la cour d'assises de Douai (Nord) a commencé mardi à juger ce trentenaire, pour viol et meurtre. "C'est moi qui ai porté les coups", a reconnu Hocine Hamoudi, 35 ans, à l'ouverture du procès, tout en contestant avoir voulu tuer sa compagne Sandra (dont le nom de famille est occulté pour protéger ses enfants). Cette mère de quatre enfants issus d'une première union, était décédée chez elle à Hazebrouck (Nord), à 41 ans, le 1er mai 2015, "démolie, fracassée", selon l'avocate de la famille, Me Blandine Lejeune.

L'autopsie recensera 20 factures et 143 lésions, dont certaines "évocatrices de violences sexuelles". Prévenus par un fils de la victime, les policiers avaient découvert son domicile dévasté par les violences. Le jeune homme avait plus tôt dans la journée, alors que les violences avaient déjà commencé, tenté de convaincre sa mère d'aller à l'hôpital, mais elle avait refusé. Hocine Hamoudi, qui nie le viol, faisait déjà l'objet de plusieurs alertes pour violences conjugales. Au moins deux ex-compagnes avaient déposé plainte pour violences en 2009 et 2013.

"Elle essayait de le quitter, mais il ne la lâchait jamais"

Sandra avait elle-même déposé plainte un an avant les faits, en juin 2014, après avoir été hospitalisée pour des coups de poing et de tournevis. Elle avait alors indiqué à la police que son compagnon la forçait à se prostituer, avant de retirer sa plainte. Elle avait ensuite déposé des mains courantes, et les policiers étaient intervenus à trois reprises en 2015 pour éloigner l'accusé de son domicile. Sa mère et ses sœurs étaient aussi au courant de l'emprise que son compagnon exerçait sur elle et des violences qu'elle subissait. Sandra avait demandé à une voisine d'appeler la police si elle entendait "trop de bruit".

"Elle essayait de le quitter, mais il ne la lâchait jamais, la harcelait, menaçait ses proches. Elle revenait par peur", a pointé Me Blandine Lejeune pour l'AFP. L'avocate a déploré une série de "dysfonctionnements" dans le suivi du couple, regrettant qu'une fois la plainte retirée, "il n'y a ni comparution, ni contrôle judiciaire". Le procès est prévu pour durer jusqu'à vendredi.