Dix-huit mois de prison pour l'agresseur d'un retraité d'origine chinoise

L'affaire a fait l'objet de débats animés: le tribunal a envoyé l'homme en prison sans reconnaître à l'agression un caractère raciste.
L'affaire a fait l'objet de débats animés: le tribunal a envoyé l'homme en prison sans reconnaître à l'agression un caractère raciste. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP
Âgé de 20 ans, l'homme s'en était pris fin août au retraité, à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, estimant qu'il devait "avoir de l'argent".

En garde à vue, il avait avoué s'en être pris à "un Chinois bien habillé" qui "doit avoir de l'argent": cet homme de 20 ans a été condamné vendredi à 18 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Créteil, dans le Val-de-Marne.

L'affaire a fait l'objet de débats animés: le tribunal a envoyé le jeune homme en prison sans reconnaître à l'agression un caractère raciste. Le 30 août, le prévenu a agressé un retraité de 64 ans, d'origine chinoise à Vitry-sur-Seine, en proche banlieue parisienne. Le senior avait passé l'après-midi à faire des paris hippiques dans un café. Arrivé avec 2.500 euros, le retraité repart avec 3.000 euros en poche. Il rentre alors chez une connaissance à 500 mètres de là. Devant son immeuble, deux hommes l'agressent et tentent de lui voler son argent. Il est alors secouru par un passant et des témoins qui filment la scène, mais les agresseurs parviennent à s'enfuir.

"Un Chinois" est "facile à attaquer". Les policiers retrouvent la trace de l'un d'eux, confondu par les vidéos. Le jeune homme leur explique alors avoir ciblé "un chinois bien habillé" qui "doit avoir de l'argent", selon l'audition lue par le procureur. Et ajoute qu'un "Chinois" est "facile à attaquer". Des "déclarations surréalistes", s'est ému le procureur en réclamant "une sanction ferme". Pourtant, le parquet n'a pas retenu la dimension raciste de l'agression: le prévenu est sorti de garde à vue sans être poursuivi pour cette circonstance aggravante.

L'étudiant a nié toute motivation raciste. "Je suis en colère. Cette circonstance aggravante qui vise l'origine ethnique de la victime, il aurait été facile de la retenir dès le début", s'est indigné Soc Lam, l'avocat du retraité. À l'audience, l'étudiant de 20 ans a modifié sa version et nié toute motivation raciste. Selon lui, c'est en fumant une cigarette devant le bar qu'il a été prévenu de la présence d'un homme "avec une grosse somme d'argent". Il l'aurait alors suivi et agressé avec un acolyte.

Un jeune "totalement immature" et une "agression crapuleuse". Le prévenu s'est exprimé "de manière totalement stupide" en garde à vue, a plaidé son avocate, Anissa Righi. "La réalité de ce dossier, c'est un jeune totalement immature, qui se livre à une agression crapuleuse". "Ma lecture, c'est qu'il voulait surtout s'en prendre à quelqu'un qui avait de l'argent", a estimé le procureur, en soulignant qu'il n'y a "pas d'insultes" durant l'agression. "Mon client à la chance d'être présent aujourd'hui", a remarqué l'avocat du retraité. "Dans une autre agression à Aubervilliers", celle d'un couturier chinois en 2016, qui avait révolté la communauté asiatique, "la partie civile est décédée", a-t-il fait valoir.