Crash Egyptair : six mois après, où en est-on de l'enquête ?

Six mois après le crash, la thèse de l'accident apparaît de plus en plus évidente.
Six mois après le crash, la thèse de l'accident apparaît de plus en plus évidente. © AFP
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Marguerite Lefebvre et O.G. , modifié à
L'incertitude règne toujours après le crash qui a fait 66 morts le 19 mai dernier. Et les familles n'ont toujours pas pu récupérer les corps de leurs proches.
L'ENQUÊTE DU 8H

Il y a six mois, le 19 mai dernier, le vol MS804 d'Egyptair reliant Paris au Caire s'est crashé au large des cotes égyptiennes avec, à son bord, 66 personnes dont 15 Français. Les boîtes noires ont depuis été retrouvées mais l'enquête diligentée par l'Égypte n'est toujours pas bouclée et l'incertitude persiste toujours : accident ou attentat ? Les familles sont encore dans l'attente et n'ont toujours pas récupéré les corps de leurs proches. Pourtant, tous ont été repêchés après le crash et ont été identifiés. Et, à la mi-août, les analyses ADN menées en Egypte se sont achevées. Rien ne s'oppose donc en théorie au rapatriement des corps, sauf que les autorités égyptiennes bloquent les procédures. 

"On fait peu de cas de la détresse des familles". Les familles vont de faux espoirs en faux espoirs. Le dernier en date : un mail d'Egyptair aberrant qu'a reçu Sophie qui se bat depuis cet été pour récupérer le corps de son fils. "On nous demande leur passeport ! Tous les passagers avaient évidemment leur passeport pour partir en Égypte", s'étonne-t-elle avant de regretter : "On fait peu de cas de la détresse des familles en deuil". L'opacité sur les procédures de rapatriement persiste. À cela s'ajoute la difficulté de savoir à quel stade d'avancement se trouve l'enquête. 

Le silence des autorités égyptiennes. Pourtant, les boîtes noires ont rapidement permis de savoir que l'avion n'avait pas explosé et qu'il y avait eu de la fumée puis un incendie dans les toilettes. Les boîtes noires ont également révélé que l'appareil avait connu plusieurs avaries dans les 24 heures qui ont précédé le crash. Des éléments connus depuis la mi-juillet qui semblent éloigner la thèse de l'attentat. Mais depuis quatre mois, les autorités égyptiennes ne communiquent plus aucune information et le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation (BEA) n'a plus aucun contact avec les enquêteurs égyptiens. Contactée par Europe 1, l'ambassade d'Égypte à Paris ne donne pas plus d'éléments.

Egyptair mis en cause ? Plusieurs hypothèses peuvent expliquer les raisons de ce silence. Les autorités égyptiennes pourraient être dérangées par la thèse de l'accident. Car la responsabilité et l'image de la compagnie aérienne Egyptair serait alors en jeu. Stéphane Gicquel, secrétaire général de la fédération de victimes d'attentats collectifs, parle d'une instrumentalisation du crash de la part de l'Égypte : "C'est la première fois qu'on a de vraies difficultés pour la manifestation de la vérité", témoigne-t-il. "Peut-être que l'Égypte est dans la position folle de vouloir défendre à tout prix sa compagnie nationale Egyptair en essayant de cacher la vérité [...] pour valider une thèse d'une menace terroriste avec des mesures intérieures plus coercitives."

Aujourd'hui, l'attitude de l'Égypte interpelle jusqu'au plus sommet de l'État. François Hollande a rencontré en septembre dernier le président égyptien al-Sissi pour convenir d'une coopération étroite. Le Quai d'Orsay assure que la France tente de faire pression et que la procédure serait en train d'avancer. Notamment sur cette question essentielle pour les familles du rapatriement des corps.