Chateauvilain 2:06
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avec AFP / Crédit photo : TOM MASSON / AFP , modifié à
L'adolescent de 15 ans interpellé samedi après la découverte de deux corps dans sa maison incendiée à Chateauvilain en Isère a "avoué" avoir tué ses parents, a indiqué dimanche le parquet. Dans ce village de près de 800 habitants, c'est l'incompréhension.

Valentin, l'adolescent de 15 ans interpellé samedi après la découverte de deux corps dans sa maison incendiée à Châteauvilain en Isère a "avoué" avoir tué ses parents selon le parquet, plongeant son village dans la stupeur. "Je confirme que le jeune Valentin a avoué aux gendarmes être l'auteur du meurtre de ses parents", a indiqué le procureur de Grenoble Eric Vaillant dans un communiqué dimanche matin.

"Un drame horrible"

Né en 2008 et fils cadet d'une famille de quatre personnes décrite comme "normale, sans histoires" et très bien intégrée dans son village, Valentin avait été interpellé samedi à Montpellier et placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête pour "assassinat" ouverte par le parquet de Grenoble. Ce sont les gendarmes de la section recherche et du Groupe d'observation et de surveillance (GOS) de Montpellier qui ont procédé à l'interpellation du mineur. Il a été ramené en Isère dès samedi et sa garde à vue a été prolongée dimanche de 24 heures par la juge d'instruction, selon le parquet de Grenoble.

Valentin s'était volatilisé après l'incendie qui avait ravagé dans la nuit de dimanche à lundi la maison de sa famille à Châteauvilain, un village de près de 800 habitants situé entre Lyon et Grenoble. Dans les décombres, deux corps "presque entièrement calcinés" avaient été retrouvés, "vraisemblablement ceux des parents", selon les enquêteurs. Ils portaient des "plaies par arme à feu au niveau du crâne" et au thorax pour l'un des deux. Des expertises sont toujours en cours pour leur identification, une information judiciaire pour assassinats et destruction par incendie a été ouverte vendredi.

"C'est un drame horrible. Je suis abasourdi. Je ne peux pas me mettre à la place de la famille", a déclaré à l'AFP Daniel Gaude, maire du village depuis 22 ans, après l'annonce des aveux de Valentin. "Il va falloir faire face, c'est horrible pour la famille. Rien ne laissait présager ça", a-t-il ajouté.

"On ne peut pas comprendre"

En ce dimanche matin glacial, les rues aux toits couverts d'une fine couche de neige étaient quasi désertes, a constaté un journaliste de l'AFP. L'ancienne ferme rénovée par la famille où s'est déroulé le drame est située à environ un kilomètre de la mairie, de l'école et des quelque infrastructures sportives (terrain de foot, city stade...), au bout d'une impasse à sens unique. Du bâtiment désormais en ruines, des fumées s'échappaient toujours dimanche et le portail apparaît barré d'un ruban jaune : "Gendarmerie nationale - zone interdite".

La cellule familiale était constituée de quatre personnes : outre l'adolescent, le père, ingénieur de 58 ans, la mère de 52 ans qui travaillait à domicile et le fils aîné de 17 ans, qui avait quitté le domicile la veille. Le jeune homme, ainsi que ses deux demi-sœurs majeures qui n'habitent plus la région, sont sains et saufs, selon le parquet. Le père avait été dans le passé conseiller municipal chargé de la cantine-garderie, et la mère avait créé une petite affaire de vannerie et de réparation de fauteuils. Le fils cadet, tout comme sa mère, avait des problèmes de santé liés à la maladie de Lyme, qui avaient occasionné des "moments difficiles" pour la famille, selon le maire.

"On ne peut pas comprendre. On ne peut pas imaginer ce qu'il s'est passé. C'était des gens agréables comme tout. On ne sait pas pourquoi il a fait ça, il était malade mais pas depuis hier donc on ne sait pas. Est-ce qu'il était aussi malade dans la tête ? Ses parents avaient fait beaucoup de choses pour lui" relève Claude, une retraitée de 80 ans, qui vit depuis 50 ans à Châteauvilain, interrogée dimanche par l'AFP.

"J'ai vu les flammes lundi, j'ai entendu les pompiers. C'est affreux. Il n'y a pas de mots. Tout le monde en parle au village", relate un autre habitant, Bruno Oliva, 60 ans, retraité d'une entreprise de panneaux solaires. "C'étaient des gens discrets. Le jeune n'allait plus à l'école, il était isolé", assure-t-il à l'AFP. Les aveux de Valentin ? "Je m'en doutais quand on a su qu'il est parti", commente-t-il.