Affaire Sauvage : "une remise en cause des décisions de justice"

Virginie Duval, la présidente de l'USM, rappelle toute la prudence nécessaire dans ce dossier.
Virginie Duval, la présidente de l'USM, rappelle toute la prudence nécessaire dans ce dossier. © EUROPE 1
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Noémie Schulz et T.M. , modifié à
Virginie Duval, la présidente de l'Union Syndicale des Magistrats, s'oppose à la grâce présidentielle réclamée par la famille de Jacqueline Sauvage. 

Pris très au sérieux par l'Elysée, le dossier n'en est pas moins délicat. Les filles et les avocates de Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent et incestueux, sont reçues à l'Elysée, vendredi. Elles réclament la grâce présidentielle et peuvent compter sur le soutien de nombreuses personnalités.

"Des éléments tangibles qui allaient vers une condamnation lourde." "Il faut être extrêmement prudent avec les comités de soutien de personnes qui ont été condamnées", estime Virginie Duval, présidente de l'Union Syndicale des Magistrats (USM). "Lorsqu'une personne est condamnée par une cour d'assises, il y a un jury populaire, donc ce sont des gens qui ont écouté toute l'affaire, qui ont pris en compte tous les éléments du dossier et qui en savent plus que les gens qui n'ont pas écouté tout cela. Là, si on est dans une condamnation à dix années d'emprisonnement, c'est forcément qu'il y avait des éléments tangibles qui allaient vers une condamnation lourde", explique-t-elle au micro d'Europe 1.

"La vengeance n'est pas une explication acceptable". La thèse de la légitime défense, soutenue par la famille, n'est pas du tout validée par l'avocat général au procès. Car au moment où Jacqueline Sauvage a pris un fusil et a tiré plusieurs balles dans le dos de son mari, celui-ci ne présentait aucune menace. Ce n'est donc pas ce qu'on appelle de la légitime défense, car il n'y avait pas de danger imminent. "La loi ne permet pas de faire justice soi-même. La vengeance n'est pas une explication acceptable", rappelle Virginie Duval, qui n'est pas favorable à la grâce présidentielle. "Que la famille le demande, c'est un fait, mais qu'elle soit accordée, cela pourrait être vécu comme une remise en cause des décisions de justice, rendues, en plus, par un jury populaire."