Fin de fugue pour Assia, retrouvée à Marseille et en garde à vue

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avec AFP , modifié à
CRISE D'ADOLESCENCE - La jeune Iséroise avait disparu mardi du domicile familial et voulait partir faire le djihad en Syrie. Elle a été placée en garde à vue. 

Fin de fugue. Ce qui ressemblait à une fugue classique s'était révélé être un départ pour le djihad. Mais Assia, cet adolescente de 15 ans originaire de Villefontaine, dans l'Isère, n'a jamais rejoint Raqqa ni Alep : elle a été retrouvée samedi soir dans la gare Saint-Charles à Marseille. "Elle a été placée en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte pour vol de carte bancaire et tentative d'utilisation frauduleuse de celle-ci", a précisé Matthieu Bourrette, procureur de la République de Vienne, dans un communiqué .

Assia était recherchée depuis mardi dans la région de Marseille par les autorités françaises, qui avaient pris à son encontre une mesure d'opposition à sortie du territoire (OST). Disposant d'indices laissant supposer son intention de gagner la Syrie par le sud de la France, le parquet de Vienne avait également ouvert une enquête pour "disparition inquiétante" et lancé un appel à témoins. La collégienne avait également été inscrite au fichier des personnes recherchées.

Son projet secret : rallier la Syrie. Après son départ du domicile familial, ses proches avaient du se rendre à l'évidence : cette fugue n'avait rien de "classique". Les enquêteurs ont en effet découvert qu'elle avait ouvert un compte Facebook truffé de références à l'islam radical. "Les messages qui y figuraient étaient univoques et démontraient qu'elle avait des velléités de fugue depuis plusieurs semaines, avec la perspective de quitter le territoire national pour aller faire le djihad", a précisé le procureur de la République à Vienne.

Une surprise total pour cette famille, pratiquante d'un islam éloigné de tout fondamentalisme, et qui n'avait remarqué le moindre changement dans son discours ou dans son attitude. D'autant que l'adolescente ne disposait pas d'ordinateur ou de smartphone. Mais ses proches ont étrangement alerté les médias avant de prévenir les autorités.

Marseille, Notre-Dame de la Garde, 930*620

Localisée à Marseille. La collégienne avait depuis été localisée dans la région de Marseille où plusieurs tentatives de retrait avec une carte bancaire subtilisée à ses parents ont été constatés. Selon les enquêteurs, la jeune fille aurait été en contact avec une personne qui disait vouloir quitter la France "avant la fin du mois de septembre". Ses parents ont donc décidé de partir sur ses traces dans la cité phocéenne.

L'adolescente a été retrouvée dans un bar de la cité phocéenne, où elle travaillait au noir, selon le site internet du Parisien, le Journal du Dimanche et le quotidien régional La Provence évoquant quant à eux le fait que sa famille l'a retrouvée dans la gare de la ville. Seule certitude, elle a bien été retrouvée par sa famille.

"On a décidé d'aller à Marseille, on l'a cherché toute la journée (...) Elle s'est jetée dans nos bras. On est tellement heureux. Tout le monde s'embrasse, on pleure, on rit. On est très soulagés, tellement heureux qu'elle ne soit pas partie à l'étranger", a réagi auprès de BFMTV la mère de l'adolescente. "J'ai été entraînée en voyant les vidéos. Après je suis arrivée à Marseille et j'ai rencontré des gens qui m'ont beaucoup aidée et m'ont expliqué que le jihad n'était pas l'islam, que là-bas, c'était des terroristes qui tuaient des femmes et des enfants. Donc, après, j'ai arrêté", a expliqué l'adolescente au micro de RTL.

Près de 1.000 candidats français au djihad. Pour répondre à de tels cas, les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice avaient présenté au printemps dernier un plan antijihad, dont une des mesures phares a été la création d'une plateforme internet et la création d'un numéro vert permettant de signaler un proche qui présente "des risques de rupture" ou de radicalisation. Une initiative plus qu'utile puisque les autorités françaises estiment à "près de 1.000" le nombre de candidats au djihad, selon le procureur de Paris François Molins. La ministre de la Justice Christiane Taubira a quant à elle jugé indispensable la mise en place de "programmes de désendoctrinement".