Drame d’Orthez : comment l’expliquer ?

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Benjamin Peter, Stéphane Place et Noémi Marois
JUSTICE - La médecin, qui souffre d’alcoolisme, se serait trompée dans ses gestes médicaux.

Pourquoi et comment expliquer qu'une patiente ait pu mourir mardi suite à l'accident de la maternité d'Orthez ? Quelques jours après ce drame, on en sait un peu plus sur les circonstances de la mort de la jeune femme de 28 ans.

L’anesthésiste belge mise en cause a reconnu un souci pathologique d’alcool. La parturiente avait été prise en charge dans la nuit de vendredi à samedi à la maternité d’Orthez. Après l’accident, elle avait été transféré à Pau où elle est décédée mardi. L’anesthésiste, qui exerce depuis 15 ans, a été mise en examen et mise en détention provisoire jeudi. 

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"Des problèmes de communication". L’anesthésiste belge de 45 ans a bien reconnu une addiction chronique à l’alcool. Elle s’est présentée à la gendarmerie mardi avec un taux d’alcool supérieur à deux grammes, rapporte Le Monde. Le jour du drame, l’équipe médicale avait bien remarqué le jour du drame que la médecin avait des difficultés d’expression et de compréhension.  

Le procureur de Pau a évoqué sur Europe 1 "a minima des problèmes de communication entre l’équipe médicale et l’anesthésiste pendant l’intervention". Alors qu’une césarienne est décidée pour l'accouchement de la jeune femme, "le gynécologue-obstétricien a demandé à avoir un autre anesthésiste".

Mauvaise intubation ? Le procureur a évoqué des gestes médicaux qui auraient entraîné des lésions lors de l’intubation de la patiente de 28 ans. Selon une source proche de l’enquête, l’anesthésiste aurait intubé la parturiente pour la ranimer dans l’œsophage, au lieu des voies respiratoires. Le procureur a aussi parlé d’un problème d’utilisation d’un appareil de respiration artificielle. 

Un accident rarissime. "Cet accident qui consiste à pousser de l’oxygène dans les voies digestives et non dans les poumons était fréquent il y a 20 ans", analyse le Docteur Gérard Kierzek sur Europe 1. Mais il prévient : "ça arrive encore. Aujourd’hui cependant, on s’en rend compte tout de suite grâce à des appareils de sécurité qui indiquent les niveaux du taux d’oxygène et du gaz carbonique". Le médecin peut alors corriger son geste immédiatement, explique l'expert Europe 1.

Une nouvelle venue. La médecin belge était arrivé en septembre à la maternité d’Orthez. Jean-Claude Arocena, responsable CFDT  relate à Europe 1 : "C’est une anesthésiste qui venait d’être recrutée. C’est un petit peu facile de rejeter la faute sur l’équipe qui était là le jour de l’accident". Il tient à défendre ses collègues : "qu’elle ait un comportement bizarre et qu’elle boive, je crois que personne ne s’en estaperçu". Il a ajouté que "le personnel  de la maternité est abattu et vit extrêmement mal  la situation".

"Des zones d’ombre". La défense rappellent cependant que les investigations ne sont pas terminées , qu’ "il existe des zones d’ombre" et que "la part des responsabilités devra être faite" selon maître Florence Hegoburu, avocate de l’anesthésiste. 

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