Des voleurs de tableaux coincés par le FBI

Le procès des auteurs du vol a débuté lundi devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence.
Le procès des auteurs du vol a débuté lundi devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence. © MAXPPP
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avec AFP
Ils comparaissent devant la justice pour le vol de tableaux au musée des Beaux-Arts de Nice.

Le braquage avait été bouclé en cinq minutes. En août 2007, cinq hommes neutralisent les gardiens du musée des Beaux-Arts de Nice et repartent avec sous le bras quatre toiles d'une valeur inestimable signées Jan Bruegel, Claude Monet et Alfred Sisley. Ils auraient ensuite pu revendre leur butin et disparaître dans la nature. C'était sans compter sur le FBI qui, enquêtant sur un autre vol, a débusqué le groupe de malfrats provençaux, dont le procès a débuté lundi devant les assises d'Aix-en-Provence.

Derrière l'enquête du FBI, l'obstination d'un homme, Robert Wittman, célèbre agent de l'institution américaine, qui s'est juré de retrouver les oeuvres volées lors du casse du siècle à Boston. En mars 1990, de faux policiers s'étaient introduits au musée Gardner de la ville du nord-est des Etats-Unis, dérobant un Vermeer et un Rembrandt.

Mise en scène à bord d'un yacht

D'après des rumeurs, les toiles disparues à Boston seraient aux mains d'un gang de braqueurs du sud de la France. Robert Wittman entre alors en contact avec Bernard Ternus, un Français installé à Miami, qui lui propose les tableaux volés à Nice. Pour l'impressionner, Robert Wittman a élaboré une mise en scène digne d'Hollywood : il reçoit le vendeur sur un yacht à bord duquel des narcotrafiquants, accompagnés d'escort-girls, s'échangent des diamants contre des oeuvres d'art, raconte La Provence. Mais tout est en toc et les protagonistes sont des agents du FBI.

La scène produit tout de même l'effet escompté et Bernard Ternus fait savoir autour de lui que des acheteurs américains cherchent à acquérir des tableaux de maîtres. Il finit par mettre l'agent du FBI infiltré en contact avec l'un des auteurs présumés du braquage de Nice, Patrick Chelekian. Les malfaiteurs demandent trois millions d'euros pour les quatre toiles dérobées au musée des Beaux-Arts de Nice.

Manipulés par le FBI ?

Le braqueur présumé entre en contact avec un acheteur français intéressé par les toiles. Mais là encore, il s'agit d'un agent infiltré, français cette fois, prévenu par le FBI. Le 4 juin 2008, alors que la transaction doit avoir lieu, les malfrats sont arrêtés. Bernard Ternus, lui, est interpellé en Floride. Condamné en septembre 2008 aux Etats-Unis, il purge déjà une peine de cinq ans et deux mois de prison au centre pénitentiaire de Miami.

Lors de l'audience de lundi, les prévenus ont voulu jouer la carte de la manipulation par le FBI. Pierre-Noël Dumarais, 64 ans, surnommé "le Niçois", a ainsi affirmé devant la cour qu'il ne "serait pas ici s[il] n'avait pas été aiguillonné par le FBI pour aller voler les tableaux".

Robert Wittman, l'agent du FBI, ne devrait pas témoigner au procès. Depuis les faits, il a pris sa retraite et monté une société de consulting en sécurité. Quant aux tableaux volés à Boston en 1990, qu'il s'était promis de retrouver, ils n'ont jamais refait surface.