"Allo chérie, je suis pris en otage"

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avec William Galibert , modifié à
TÉMOIGNAGE -  Alan, le "héros" de la prise d'otage de Vitry, raconte son calvaire.

"Il m'a laissé me servir du téléphone. J'ai appelé ma femme, je lui ai dit que j'étais pris en otage. Elle était dans le bus, entendait mal. Elle me dit 'quoi, une prise d'otage ?' Je lui dis 'oui, et l'otage, c'est moi'." Alan, 37 ans, a accepté de raconter son calvaire au micro d'Europe1. Il est le père de famille qui a été retenu quatre heures en otage par un forcené, mardi matin, dans une école maternelle de Vitry sur Seine.

"J'y suis j'y reste, c'est une prise d'otage"

"J'emmenais mon fils au centre de loisir, comme d'habitude. Mais là, il y a eu comme une anomalie. Un homme est entré, il prétendait avoir brulé, puis perdu un billet en euro. Il était confus. Il était en tenue de travail, ni les animateurs ni moi ne nous sommes inquiétés, nous le prenions pour un jardinier", se rappelle Alan.

"Mais il était étrange. On lui a demandé de sortir de l'établissement. C'est là qu'il a déclaré 'j'y suis j'y reste, c'est une prise d'otage'. Il a ensuite sorti son arme, et la panique est montée", décrit encore le père de famille.

L'individu, décrit comme fragile psychologiquement, est arrivé vers 7 heures muni d'une arme factice, à cartouches à gaz, selon une source judiciaire. Trois adultes, dont Alan, et quatre enfants, dont son fils, se trouvaient alors dans l'école. Alan a convaincu le preneur d'otage de relâcher les quatre enfants et les deux autres adultes.

Mais ce père de famille refuse l'appellation de "héros" que lui donne la presse depuis l'évènement. "Ce sont les circonstances qui ont voulu que ce soit moi. J'ai juste réussi à maîtriser mes émotions", assure-t-il.

Et selon lui, les animateurs sont tout autant à féliciter. "Ils ont été très pros. Avec l'un d'eux, nous accaparions l'attention de l'individu pendant qu'une animatrice sortait les enfants. Mais à un moment j'ai tourné la tête et j'étais seul. Je me suis dit, tant pis pour moi, tant mieux pour les autres. Et je savais mon enfant en sécurité, loin de tout ça."

"Il cherchait un suicide assisté"

La prise d'otage durera quatre heures, mais lui ne voit pas le temps passer. "Pour moi ça a duré une heure, pas plus. C'était tendu. Il était armé, et moi ma seule arme était mon discours. Alors je n'arrêtais pas de parler, de l'interroger, en espérant le rendre moins menaçant."  

Durant la prise d'otage, le forcené fait part à Alan de son intention de se suicider. Il répétait 'Je veux mourir, je veux mourir par les balles du GIGN, et de toute façon, je mourrai par les armes'. Il cherchait un suicide assisté. Ça n'arrangeait pas mes affaires, car je me disais qu'il me tuerait en même temps".

Profitant d'un moment d'inattention du preneur d'otage, qui cherchait comment se "barricader" face au GIGN, Alan est parvenu à s'enfuir. Maintenant, l'objectif est d'oublier. "J'ai hâte de reprendre une vie normale. Je veux retourner au boulot demain, reprendre mes habitudes pour oublier tout ça."