Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
La colère du ministre turc des AffairesÉtrangères qui traite son homologue français de tous les noms.
Jean-Yves Le Drian est "extrêmement impoli". "Il n’est pas sérieux", il "dépasse les bornes, c’est inacceptable" et "Il faut lui apprendre à s’adresser à un chef d’État".
D’habitude, les diplomates sont des ébénistes, des artistes de la langue de bois.
Le chef de la diplomatie turque préfère les volées de bois vert.
Il matraque son homologue français, parce qu’il a dit que le Président Erdogan jouait un "jeu politique particulier" dans l’affaire Khashoggi. C’est une litote, la version noble.
La réalité crue, c’est qu’Erdogan est un maitre-chanteur d’exception. Il fait monter les enchères depuis quarante jours. Il veut tirer un maximum de bénéfice du piège dans lequel s’est fourré Mohamed Ben Salmane qu’il déteste.
La querelle avec Le Drian est une tempête dans un verre de thé. Une vaguelette dans une baignoire d’acide. Elles montrent l’importance démesurée qu’a pris ce crime d’Etat.
Vendredi soir, Donald Trump dinait à côté d’Erdogan au musée d’Orsay. De quoi ont-ils parlé ? De l’affaire Kashoggi.
Samedi, Emmanuel Macron a reçu Donald Trump en tête à tête. De quoi, ont-ils parlé ? De l’affaire Khashoggi.
Les Saoudiens se sentent trahis
Les Saoudiens pensent que les Américains ont découvert qu’une opération était montée contre Khashoggi. Ils ont prévenu les Turcs et Donald Trump a obtenu en échange la libération surprise, avant les midterms, du pasteur Brunson. Les Turcs ont sonorisé le consulat, ils avaient un agent dans le personnel local. Ils ont attendu Khashoggi. Et c’est ainsi que le piège s’est refermé sur le piégeur, que le chasseur est devenu le gibier.
Depuis ce week-end, les Américains ne prêtent plus aux Saoudiens d’avions ravitailleurs pour bombarder le Yemen. Hier, le ministre britannique est allé réclamer au roi la fin de cette sale guerre.
Arrêter le massacre au Yémen serait comme infliger à Mohamed Ben Salman des travaux d’intérêt collectif.
Erdogan veut davantage : des pétrodollars pour sauver ses banques, la fin du soutien américain aux Kurdes en Syrie, l’humiliation des Saoudiens au Qatar comme au Yémen. Et que la France le reçoive avec tapis rouge mais se taise et s’efface.