Chaque vendredi, Michaël Hirsch nous fait partager une lettre adressée à une personnalité ou une institution qui fait l'actualité.
Ce matin, Michaël Hirsch a décidé d’écrire au président de Lactalis !
Cher Emmanuel Besnier,
Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce qu’il va falloir être un peu plus bavard que dans cette interview pour le JDD. Car ces problèmes de vache laitière, c’est peut-être un bétail pour vous mais pour nous, ça veut dire beaucoup.
Oui peut-être, mais faut dire, cher Emmanuel Besnier, que vous y mettez un peu du vôtre aussi. Rien que depuis 15 ans: Fraude sur le lait, sur la Mozzarella, entente sur les prix, pollution de rivières, et maintenant scandale du lait infantile ! Alors forcément Lactalis a tellement de casseroles au cul, qu’on a envie de vous surveiller comme le lait sur le feu !
Car au-delà même de l’affaire du Lait infantile, Cher Monsieur Besnier, vous nous intoxiquez surtout avec votre sale modèle.
Oui, ce sale modèle dans lequel le labeur des uns fait le bon beurre des autres.
Et croyez-moi Patrick, pour faire baisser les prix, ce cher Emmanuel, s'autorise tous les coûts bas ! Car le lait c’est bon pour la croissance, et surtout pour celle de Lactalis ! Oui, le petit-fils Besnier ne se satisfait pas de petits Besnierfices.
Oui, enfin, ça, on n’en est pas sûr. Car de nos jours quand le lait de vache fait des petits, qu’est-ce que ça veau ? Et bien beaucoup moins que ce que ça coûte et c’est tout le problème!
C’est pourquoi les agriculteurs multiplient les heures de travail. La plupart ne savent même plus où donner de la traite. Et à force de se faire fouetter, certains finissent en beurre nout.
D’autres, hélas, croulant sous les emprunts, faute de gagner leur vie, décide d’y mettre fin.
Et là Patrick Cohen, qui a le marxisme chevillé au corps, me dit, mais ce ne sont plus des exploitants mais des exploités ! J’aurais pas osé le dire mais je ne peux que vous donnez raison Patrick !
Et quand les producteurs de lait tentent de vous en parler cher Emmanuel Besnier, vous vous faites particulièrement discret. Ah, vos fameux problèmes de timidité ! Du coup, vous ne faites que des phrases très courtes, du genre : "Chacun à sa place. Nous la firme, vous la ferme !".
Alors aux supermarchés, rappelons-nous que pour remplir ces bouteilles de lait, tant de producteurs ont travaillé pour du beurre, et que c’est ça ce que le Besnier vola !
Car, elle a bon dos votre discrétion légendaire, cher Emmanuel Besnier, et moi derrière chacun de vos silences, je crois entendre : "Les tarifs, c’est moi qui les fixe ! Je fais ce que je veux avec mépris !". Eh bien, vivement le jour où vous rembourserez l’indifférence.
Tendrement,
Michaël