Les histoires extraordinaires - Olivia de Havilland

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Marc Messier brosse ce dimanche le portrait d'Olivia de Havilland, actrice emblématique de l'âge d'or d'Hollywood, qui porte plainte à 101 ans pour "atteinte à la dignité".

Hollywood, 1939. Le rugissement d’un lion au fond des collines. Le cri de Tarzan dans les arbres. Des coups de pistolets tirés d’un saloon. Des claquettes sur un parquet ciré. Le cataclop des chevaux d’un péplum. Le brouhaha de milliers de figurants. La ruche de la MGM, à l’aube de la seconde guerre mondiale. La nuit du nazisme tombe sur l’Europe. L’Amérique fait l’autruche et Hollywood son cinéma. 400 films seront tournés cette année-là. De quoi faire rêver les 60 millions d’américains qui vont au cinéma chaque semaine. Walt Disney triomphe avec Blanche Neige, son 1er cartoon. Chaplin travaille sur son dictateur. Gary Copper regarde passer les garçons. Bette Davis se remaquille dans une loge. Douglas Fairbanks est mort. Norman Jeane Baker est une inconnue. 

Au milieu des bouffées de Montecristo et des kilomètres de décors antiques, sauvages, westerniens. Une jeune beauté brune descend d’une Hispano-Suiza et se dirige vers  une caravane, tatouée à son nom, en lettres d’or. Elle s’appelle Olivia de Havilland et elle vient de tourner dans l’adaptation de l’unique et énorme roman de Margaret Mitchell : "Gone with the Wind". Autant en emporte le Vent. Personne ne sait alors que ce film de Victor Fleming   raflera 10 oscars, l’année suivante, et deviendra l’un des films les vus et les plus rentables de l’histoire du cinéma. Le film de tous les superlatifs. Un film culte en un mot, qui restera pendant plus de 40 ans en tête du box-office international.

Olivia de Havilland, qui meurt à la fin du film, vient d’avoir 23 ans.  Elle est gracieuse. Elle a le port victorien des jeunes anglaises bien nées. Une Young lady née au Japon en 1916, ou son père, Walter, est un avocat britannique aussi prospère que volage. Olivia a une sœur cadette, Joan, qui deviendra une star, elle aussi, et une maman, Lillian, Fontaine, son nom de jeune fille,  une comédienne, qui, lassée des infidélités de son mari, embarquera ses 2 filles à l’autre bout du pacifique, en Californie, Saratoga,  histoire de changer d’air. Olivia étudiera dans une high school très chic, puis dans un couvent très huppé, avant d’aller tenter sa chance, comme une grande, dans la cité des Anges. Et la chance va lui sourire.

A 23 ans, Olivia de Havilland, est déjà une star internationale. 4 ans auparavant, Olivia de Havilland a été embauchée par Jack Warner pour incarner Hermia dans l’adaptation du songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Un joli succès, suivi en 1936, par un énorme carton : Capitaine Blood, de Michael Curtiz, un film de pirates archi-patriotique, dans lequel Olivia, à peine majeure,  donne la réplique à Eroll Flynn, un jeune Dom Juan australien, pas encore connu, qui, avant de se lancer dans le cinéma, se serait livré, selon la légende,  au trafic d’esclaves et de diamants en nouvelle guinée.

Eroll Flynn, avec lequel, la jeune anglaise va ensuite tourner l’inoubliable Robin des Bois.  La moustache la plume et le collant d’Eroll. Le regard énamouré d’Olivia. Le film les rendra archi-célèbres tous les deux, en 1938. Ils tourneront 7 autres films ensemble. Un couple à l’écran. Jamais à la ville. Même si Eroll Flynn tentera tout pour ça. Jusqu’à lui glisser un serpent dans ses sous-vêtements. Les délires tarés d’Hollywood. Olivia succombera aux charmes de Ronald Reagan, Robert Mitchum, Frank Sinatra, se fiancera avec James Stewart, mais jamais à celui d’un Flynn qui finira alcoolo à la havane. Cuba for Ever, pour soutenir Castro et sa Révolution.

L’Amour, Olivia de Havilland le trouvera avec un Français, un journaliste de Paris-Match, Pierre Galante, avec lequel elle aura une fille Gisèle, qui faillit, pour la toute petite histoire, épouser Johnny Hallyday dans les années 80. Olivia de Havilland aura décroché deux oscars, ne se sera jamais réconciliée avec sa sœur, Joan Fontaine, l’une des égéries d’Hitchcock, héroïne de Soupçons et de Rebecca. Olivia De Havilland, la seule femme que Bette Davis tolérait dans son entourage. La seule aussi, selon ses propres mots, dont elle fut jalouse, pour je cite : son "insolente beauté et son air de ne pas y toucher". Un procès à 101 ans. Pas question pour la vieille actrice de passer pour une salope à son âge. De la dignité, naturellement. Un clin d’œil, forcément.