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Marc Messier brosse ce dimanche le portrait de Justin Trudeau, Premier ministre du Canada juvénile, travailleur et charismatique.

On l’a vu coiffé d’un Plumage de Chef Indien, enturbanné à l’indienne, costumé en Super Man, torse nu en tenue de boxeur. De l’allure, des sourires, des selfies. Toujours à l’aise, parfois dérangeant, jamais grotesque. Le déguisement comme une seconde peau pour Justin Trudeau. Un reste d’enfance mais surtout un moyen de communication extrêmement efficace. Du marketing anthropologique, comme on appelle cela au Canada.

Justin Pierre James Trudeau, que les canadiens appellent naturellement Justin depuis qu’il est tout petit. Un enfant né sous leurs yeux, il y a 46 ans au 24 Sussex Drive, la lugubre résidence officielle des premiers ministres à Ottawa, au bord de la rivière des Outaouais. L’époque où son père, Pierre Eliot Trudeau, incarnait le pays et une certaine idée du progressisme en Occident. Trudeau, un nom tatoué sur la peau du Canada. Comme Kennedy sur celle de l’Amérique.

Justin Trudeau, le fils d’un ancien prof de Français, brièvement, moniteur de snowboard, barman et videur de boîte de nuit, devenu contre toute attente, en novembre 2015, le 23ème Premier Ministre du Canada. Le Kanata, comme on disait autrefois. Kanata, un T à la place du D au commencement. Un mot iroquois pour désigner une terre, un village. Un mot indien dont J.Cartier fit un nom. qu’il donna au gigantesque territoire qu’il venait de découvrir. le 2ème plus grand pays du monde après la Russie. 15 fois la France avec 36 millions d’habitants aujourd’hui, 6 fuseaux horaires et 3 millions de lacs. Un sacré héritage pour le petit Justin, élu après avoir convaincu les canadiens qu’il était temps de quitter l’Irak et la Syrie.  De réduire les inégalités sociales, dans ce pays ultra-libéral. De légaliser la marijuana et cerise sur le Pounding, qu’il fallait creuser les déficits pour relancer l’économie. Plonger dans le rouge pour sortir de la récession. Des promesses pas toutes tenues 2 ans et demi plus tard.

Un Corbeau passe sur le deltoïde gauche de Justin. Un tatouage, un corbeau Haïda, du nom d’une tribu amérindienne de Colombie Britannique. Un petit joint de temps en temps. Justin Trudeau,  l’écolo-féministe, enjôleur, funky, fana de Star Wars et de boxe anglaise. Justin, ce prince de Disney qui suscite l’hystérie chez toutes les jeunes vierges acadiennes qui rêvent de faire de lui leur premier quatre heure. Les vapeurs chez les plus matures de nos cousines qui l’ont baptisé PILF : "Politician I'd like to fuck".  Autrement dit, ce politicien avec lequel elles aimeraient bien faire des trucs.  

Justin, la belle gueule, la classe et le charisme de son père, l’artisan du Canada Moderne, celui qui aboli la peine de mort, légalisé le divorce et l'avortement, dépénalisé l'homosexualité. L’ouverture au monde, le respect des autres, de la différence, la diversité culturelle. Les grands mots de papa, Justin n’a pas oublié. Il est le premier à avoir fait entrer des autochtones au gouvernement : des inuits, venus du Grand Nord, mais aussi des sikhs, dont le puissant Ministre de la Défense. Un handicapé aux anciens combattants. Un résumé du Canada moderne dans un cabinet composé d’autant d’hommes que de femmes 15 de chaque côté : la parité, l’héritage de Maman.

Margareth Trudeau, 30 ans de moins que son mari. Une splendide bohême chic et délurée. La feuille d’érable à la place de la feuille de vigne. Margareth qu’on a vu danser sans culotte, ventousée à un M.Jagger, béat et fin bourré. Les Seventies libérées. Maggie aussi camée que tourmentée. Le petit Justin a fait tout ce que pouvait faire un enfant pour retenir sa maman à la maison. Foiré, comme on dit au Québec. Pierre et Margareth ont divorcé. L’ex Madame Trudeau est  depuis devenue une vieille Dame très digne qui s’occupe de tous ses petits-enfants. Le lithium pour traiter sa bi-polarité. Des livres pour transmettre au plus grands nombre, les valeurs qu’elle a inculqué à son fils : l’évidence de l’égalité garçons/filles et la nécessité de défendre l’avortement. Des dossiers que Justin Trudeau a mis de côté ces derniers jours. Autre combat, autre Ring face à Donald. Sans masque et sans déguisement.