Jared Kushner, le gendre idéal du président Trump

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Propulsé à la maison blanche à la droite de Donald Trump, Jared Kushner fait partie "de la famille", même si les deux hommes ont des caractères opposés.

Portrait de Jared Kushner

Un vendredi à Manhattan. Un soleil froid et vespéral. Jared est sur répondeur. Shabbat Shalom, "Monsieur Gendre" a éteint tous ses portables. Pas joignable avant demain soir. Donald Trump attendra. Quelques signes d’agacement, le nouveau Président américain oublie régulièrement que le mari de sa fille aînée est juif et ne déroge jamais à la Halakha, la Loi de la Torah, que Jared Kushner suit à la lettre depuis qu’il est tout petit…

 

Une orthodoxie avec laquelle le nouveau Haut Conseiller à la Maison Blanche ne badine pas. Pendant Shabbat, pas de téléphone, pas de voiture, rien d’électrique, en dehors des tasers à la ceinture de ses bodyguards, chargés de la sécurité de ses enfants le samedi après-midi à Central Park. Un judaïsme intransigeant auquel s’est amoureusement soumise Ivanka, sa ravissante poupée blonde, passée par la conversion pour pouvoir épouser, celui que les médias américains ont déjà surnommé Raspoutine ou encore le Fixeur. 

 

Une voix très douce qui aurait la vertu d’apaiser immédiatement un Trump constamment éruptif. Une voix magnétique, des mots choisis. Un jeune homme doué d’une remarquable perspicacité, capable, dit-on, d’analyser, en quelques instants les conséquences de n’importe quelle situation complexe. Un beau gosse de 36 ans passé en quelques mois, du "rang" de simple supporter de son beau-père milliardaire-candidat, au statut d’éminence grise du 45ème Président des Etats-Unis.

 

Le Fixeur, comme un guide, comme celui qui, dans le jargon médiatique, permet à un journaliste de remplir sa mission sur un terrain inconnu et compliqué, lui servant à la fois de producteur et d’interprète, lui évitant souvent bon nombre de dangers et d’emmerdements. Jared Kushner, qui selon plusieurs observateurs américains, serait le véritable artisan de la victoire de D.Trump. Jared, l’auteur inspiré de plusieurs discours de campagne déterminants auprès des américains en colère. Jared, le sorcier des réseaux sociaux, parvenant à rendre crédible et sympathique, l’image d’un candidat républicain aussi ballot/phallo/lourdaud, que provocateur, irascible et sectaire.

 

Jared. Toujours. Qui a clairement sauvé les fesses de son beau-père accusé d’antisémitisme l’été dernier. En moins de deux, le gendre prodigue sortait de l’ombre et des placards de son passé familial les effigies de ses grands-parents polonais rescapés de la Shoah. Jared, jurant sur leurs tombes et dans les pages du New-York Observer, le très sérieux hebdomadaire conservateur, dont il est propriétaire, que D.Trump n’avait rien contre les juifs. 

 

Loyal. Un adjectif cousu sur ses chemises Brooks Brothers, bleues, blanches, sobres,  toujours impeccablement repassées. Des Swatch de couleur au poignet. Pas du tout le genre "m’a- tu-vu-clinquant" de sa belle-famille. Jared Kushner est aussi discret que distingué. Les traits délicats, le sourire orgueilleux de ceux qui sont passés par Harvard. Pas le niveau vous diront les mauvaises langues. Quelques coups de fil et un chèque de deux millions et demi de dollars de son père pour les bonnes œuvres de l’université auraient débloqué le problème…

 

L’argent de Papa. Charles Kushner, Charlie pour les intimes… L’homme le plus important de la vie de Jared, un multimillionnaire, promoteur immobilier comme Donald. Les chiens n’épousent pas des chats… Charlie empatouillé il y a une dizaine d’années dans une affaire de financement politique. Charlie distribuant des enveloppes aux uns et aux autres, jamais regardant sur les plafonds légaux. Sa petite sœur menaçant de le dénoncer, il tentera de la faire taire en collant une prostituée dans les bras de son mari. Pas joli-joli… Une tentative d’intimidation qui enverra Charlie deux ans dans un pénitencier de l’Alabama. Deux années pendant lesquelles son fils prendra un avion tous les w-e pour lui faire la conversation au parloir…

 

Une profonde blessure pour Jared,  qui n’a jamais oublié ceux qui ont jeté son père en prison et sali le nom de sa famille. Chris Christie est le premier d’entre eux, l’ancien procureur du New Jersey, devenu gouverneur de l’état, un poids lourd du Parti Républicain, l’un des rares à soutenir Trump du début à la fin. Christie, sans doute promis à un bel avenir à Washington, si Jared n’avait convaincu son beau-père de s’en débarrasser, juste après sa victoire. Un certain esprit de revanche pour ce jeune héritier, qui a révélé ces dernières années, son prodigieux sens des affaires et son goût des gratte-ciels, des investissements audacieux… Une fortune de près de deux milliards de dollars, selon le dernier classement Forbes. Un baiser d’Ivanka. Jared a rallumé la lumière et rebranché ses portables. Il est à nouveau joignable… Le Président Donald Trump peut compter sur lui.