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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin s'intéresse à la tentation Zinédine Zidane au PSG. Selon elle, ce serait un savant mélange de foot et de politique.

Zinédine Zidane sera-t-il le prochain entraîneur du Paris St-Germain ? Rien n’est encore sûr pour l’instant. Mais cette possibilité et les fantasmes qu’elle suscite en dit long sur notre rapport au football. 

Dans la vie politique, les législatives suivent la présidentielle. Dans la vie du foot, le feuilleton Zidane a pris la place du feuilleton Mbappé. Je ne parle pas de politique au hasard. C’est intimement lié. Le président Emmanuel Macron avait déjà exprimé son souhait de voir Kylian rester à Paris, allant jusqu’à téléphoner à l’attaquant. Il a remis ça avec Zizou. Pas de coup de fil, mais l’expression publique de son envie de le voir sur le banc du PSG. Pour un fan de l’OM on aura vraiment tout entendu. Mais il ne s’agit pas de club, plutôt de la grandeur de la France. Voilà un vrai fantasme qu’incarne Zinédine Zidane, la grandeur de la France. Il faut au moins ça pour passer à autre chose après une finale de la ligue des champions au stade de France où la grandeur s’est faite, disons, très discrète. Si on veut faire rimer France et Ligue des Champions, c’est sûr qu’aujourd’hui il vaut mieux compter sur le PSG avec Zidane que sur nos chances d’accueillir une nouvelle finale. Ces prises de position du président de la République sont assez révélatrices du rapport de nos politiques avec le football. On parle peu des vrais problèmes et enjeux de ce sport, mais quand ça brille, quand les noms sont aussi ronflants que ceux de Mbappé ou Zidane, là, ça devient une cause nationale. Et pourquoi pas, me direz-vous ? Pour reprendre une expression de Kylian Mbappé, il n’y a pas besoin de sortir de St Cyr pour se dire qu’une telle alliance serait économiquement profitable à la Ligue 1, et donc à la France. Et puis socialement, on prête à ce duo toutes les vertus, comme si on revenait à la France black blanc beur de 1998. L’année de naissance de Mbappé, l’année du sacre de Zidane. 

Pour l’instant, rien n’est fait, Zidane n’est pas encore entraîneur du PSG.

 

Oui, mais il n’y a pas de plus grande machine à fantasmes que le mercato. Ces intersaisons où on est privé de football, sans faire offense à l’équipe de France et à la Ligue des Nations, sont propices à toutes les projections vers la saison d’après. C’est intéressant et inquiétant à la fois de voir qu’on puisse autant vibrer pour des histoires de contrats que pour un match. Et quand en plus il s’agit de Zinédine Zidane, on ouvre la boîte de Pandore. Zizou, c’est la figure de Marseille. Il y est né, il y a grandi. Dans la ville, pas dans le club. Il n’a jamais joué à l’OM, il n’y a même pas été formé, il n’y a aucune histoire commune. Et pourtant l’idée même qu’il puisse arriver au PSG, chez l’ennemi intime, est vécue comme une trahison à Marseille. Mais une trahison de quoi, finalement ? Peut-être du fantasme, encore une fois, que la seule place pour Zidane en France, ce soit à la tête de l’équipe nationale, parce qu’il serait au-dessus des luttes de clubs. Voir revenir celui qui a illuminé nos soirées bleues. Vous aurez remarqué que c’est depuis qu’on annonce sa possible arrivée au PSG que le dossier sélectionneur des Bleus s’est rouvert. Le plus fin des politiques, dans tout ça, c’est peut-être Zizou, finalement.