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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur l'annonce de Mediapro qui souhaite renégocier son contrat avec la Ligue de Football Professionnel. Selon elle, tout le modèle économique du foot est au bord de l’explosion.

Mediapro veut renégocier son contrat avec la Ligue de Football Professionnel. Son patron le dit dans l’Équipe ce jeudi matin. Avec la crise sanitaire, le principal diffuseur du championnat de France veut revoir à la baisse les 814 millions d’euros qu’il devait payer cette saison. Pour Virginie Phulpin, tout le modèle économique du foot est au bord de l’explosion.  

Le football se pensait protégé par la manne financière des droits télé. À part, dans un monde du sport exsangue à cause de la crise sanitaire. On en a déjà parlé, même avec des stades vides ou presque, les clubs de football pouvaient tenir le choc toute la saison parce que leurs finances ne dépendent finalement qu’assez peu de la billetterie, même si c’est un vrai manque à gagner.

Mais l’alerte donnée par Mediapro change tout. Si on touche aux droits télé, alors là c’est tout le système qui s’écroule. Cette volonté de renégocier les droits est assez logique. Elle arrive au bout de la chaîne d’une économie en crise. L’avenir est flou pour les Français, et leur priorité à court terme n’est pas forcément de s’abonner à la chaîne Téléfoot, donc pour l’instant ces abonnements ont du mal à décoller. Si on ajoute à ça de nombreux bars fermés, ce sont de lieux où on regarde des matches de foot, que se passe-t-il ? Les recettes publicitaires fondent.

Et Mediapro ne peut plus, ne veut plus, payer des montants qui ont explosé tous les plafonds au moment de l’attribution des droits quand tout allait encore très bien madame la marquise. Maintenant, la Ligue et les clubs peuvent avoir peur de l’avenir, c’est sûr.  

Ça remet en cause tout le modèle économique du football. 

Forcément, puisque les droits télé représentent près de 40% des recettes des clubs. On est allé si loin dans l’inflation que ces droits sont totalement déconnectés de l’économie réelle. Sauf qu’aujourd’hui, c’est l’économie réelle, la crise, qui rattrape le football.

Alors on fait quoi ? Première possibilité, on continue sur le même chemin, coûte que coûte. Et si jamais Mediapro fait faillite, on n’en est pas là, mais ça peut arriver, on se tournera vers Amazon ou Facebook pour vendre les droits du foot. Ils ont les reins solides, c’est sûr, mais ils risqueraient d’être plus intéressés par une Super Ligue européenne que par des matches de milieu de tableau de Ligue 1.

Ou alors, deuxième possibilité, on repense dès maintenant le modèle, avec des clubs qui dépensent en fonction de leurs fonds propres, et pas en fonction de la manne attendue des droits télé. C’est ce qui s’appelle être à la croisée des chemins.

Mais soyons-en bien conscients. Quoi qu’il arrive, le football de l’après crise ne sera plus jamais le même que celui qu’on a connu.