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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur la défaite de Novak Djokovic sur la dernière marche du Grand Chelem face à Medvedev. Selon elle, ce qu'il faut retenir c'est qu'il a gagné le cœur des supporters.

Daniil Medvedev a brisé le rêve de Novak Djokovic. Pas de Grand Chelem pour le Serbe. Mais pour Virginie Phulpin, paradoxalement, il a beaucoup plus gagné que perdu cette nuit. 

On n’a cessé de répéter que Novak Djokovic avait rendez-vous avec l’histoire hier soir. Au bout de sa raquette, la possibilité de remporter les quatre tournois du grand chelem la même année, ce qu’aucun joueur n’avait réussi depuis plus d’un demi-siècle. Mais voilà, ça n’est pas l’histoire mais l’l’ironie de l’histoire qu’on retiendra. Novak Djokovic a passé sa carrière à courir derrière l’amour du public qui le fuyait avec la même constance que lui empilait les trophées dans son armoire. Il s’est nourri de cette hostilité ambiante aux quatre coins de la planète pour devenir le numéro 1 et à chaque fois qu’il remportait un tournoi majeur, il semblait implorer les spectateurs de lui donner un peu de cet amour qu’ils réservaient à Roger Federer et Rafael Nadal. Et c’est hier soir qu’il a trébuché, alors que le public de Flushing Meadows à New York était enfin acquis à sa cause, alors que de nombreux fans de tennis, partout dans le monde, se disaient qu’ils n’étaient pas fans de Djoko, mais qu’ils seraient quand même derrière lui, pour vivre l’histoire en direct. Oui, Novak Djokovic a perdu le match de sa vie, mais en s’écroulant en pleurs sous sa serviette, il a gagné les cœurs qu’il n’avait pas réussi à conquérir en 20 titres du grand chelem. Et cette quête là semblait autrement désespérée. Alors là, ce matin, ça doit lui importer assez peu, on ne se relève pas aussi facilement d’un rêve brisé. Mais dans quelques jours, il réalisera qu’il a vaincu le syndrome de l’amour impossible avec le public. 

En sport, on aime aussi les anti-héros

Quand un joueur gagne avec la régularité d’un métronome, ça suscite l’admiration. Pas forcément l’émotion. On a aussi besoin de voir l’être humain derrière le champion, de voir des failles et des faiblesses, et pas juste une mécanique bien huilée. Rares étaient ceux qui imaginaient Novak Djokovic s’incliner hier soir. A part Daniil Medvedev bien sûr, on ne va rien retirer au match majeur accompli par le vainqueur. Mais on se disait que Djoko n’aurait que faire de la pression, qu’il était au-dessus de ça, inébranlable dans sa quête de records. C’est aussi ça qui nous agaçait chez lui. Et là, on a vu le poids de l’histoire le rattraper. On a vu les émotions l’envahir, les sanglots l’étrangler. Oui, même lui. Subitement, le Serbe n’est plus cette machine à gagner qu’on adore détester. Il n’a pas remporté le grand chelem calendaire, mais il a tout gagné humainement hier soir. Le fabuleux paradoxe du sport. Et puis c’est aussi quand un champion chute qu’on prend pleinement conscience de la valeur de ce qu’il a accompli avant.

Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic vont se retrouver à l’Open d’Australie au mois de janvier avec 20 victoires chacun en grand chelem. Egalité parfaite. Et désormais, même dans les cœurs des fans, Djoko rattrape les deux autres. Ca vaut tous les trophées.