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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin évoque le projet de Super Ligue européenne de football qui est mort dans l'œuf. Si c'est une victoire pour le football, ça ne signe en rien la fin du foot business. 

C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. La Super Ligue de football ne verra pas le jour, en tout cas pas maintenant. Les clubs se retirent du projet les uns après les autres devant l’hostilité déclenchée. Pour vous, c’est une victoire du football, mais attention, une victoire à très court terme.

Il y a d’heureuses coïncidences dans la vie. Les joueurs de Rumilly Vallières ont bien choisi leur moment de gloire. Le club amateur s’est qualifié pour les demi-finales de la coupe de France hier en battant Toulouse 2 à 0. Et surtout en rappelant que ce qui fait le sel du football, c’est l’incertitude et le droit de rêver. Comme disait Johan Cruyff, "pourquoi ne pourrait-on pas battre un club plus riche ? Je n’ai jamais vu un sac de billets marquer un but". Ça ferait une belle épitaphe pour la Super Ligue qui n’aura donc vécu que 48 heures en mettant en émoi le monde du foot et largement au-delà.

Ça fait tant d’années que les grands clubs voient les instances céder à leurs caprices, tant d’années que les dérives mercantiles sont acceptées sans broncher que les 12 sécessionnistes ont fini par oublier que le ballon n’était pas leur propriété, et que le football n’était pas une entreprise comme une autre.

Les supporters, les joueurs et même les responsables politiques leur ont prouvé au cours des dernières heures en se mobilisant pour que leur sport ne soit pas confisqué par une élite financière. Jamais ils n’auraient imaginé une telle vague d’indignations. La défaite de ces puissants déconnectés de la réalité est cuisante, et si on peut se réjouir d’une chose en ces temps troubles, c’est de voir le football faire débat et ses acteurs s’engager avec force.

L’échec de la Super Ligue ne veut pas dire non plus que c’est la fin du foot business

C’est tout sauf le retour du romantisme. Surtout quand on voit la réplique que prépare l’UEFA. D’après les infos de Bloomberg, l’instance européenne travaille avec un fonds d’investissement pour faire exploser le budget de la ligue des champions et satisfaire les grands clubs. Entre ça et la réforme du format de la compétition qui peut s’apparenter à une ligue plus ou moins fermée qui ne dirait pas son nom, la fête risque d’être de courte durée pour ceux qui se réjouissent d’avoir fait chuter la Super Ligue. Il y a quelques gueules de bois qui se préparent.

Si c’est pour voir arriver une Super Ligue estampillée UEFA, les battus d’hier seront les vainqueurs de demain. Mais au moins, il y a un débat, les instances peuvent aussi réaliser maintenant qu’on ne peut pas confisquer le football et le remanier à sa guise sans qu’il n’y ait de réaction. Oui, le football est vivant, mais il va falloir le surveiller comme le lait sur le feu. Il faut toujours se méfier des matches retour.