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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin revient sur la décision de Naomi Osaka de boycotter la presse durant le tournoi de Roland-Garros pour préserver sa santé mentale. Selon elle, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour le tennis mondial.

Roland-Garros débute dimanche. Et avant le début du tournoi, la Japonaise Naomi Osaka a jeté un froid. Vous pourrez voir la numéro 2 mondiale jouer, mais vous n’entendrez pas le son de sa voix. Elle va boycotter toutes les conférences de presse du tournoi, pour préserver sa santé mentale, dit-elle. Pour Virginie Phulpin, Naomi Osaka se trompe de combat. 

La décision de Naomi Osaka interroge sur les rapports des sportifs avec l’information, avec le public et avec leur métier, finalement. La Japonaise dit que souvent, on lui pose des questions déjà maintes fois entendues, ou des questions qui la font douter, et qu’elle n’est pas là pour répondre à des personnes qui doutent d’elle.

Alors la première chose c’est que les journalistes ne sont ni des supporters, ni des coaches mentaux. Ils ne sont pas là pour flatter l’égo des joueurs, ni pour les mettre à terre d’ailleurs. Leur rôle c’est de poser des questions pour informer le public. Oui, parfois il y a des questions qui peuvent déranger.

Et comme en tennis c’est obligatoire pour les joueurs de se présenter devant la presse, Virginie Phulpin comprend que ça ne soit pas tous les jours une partie de plaisir. Mais c’est leur boulot. Et jusque-là Naomi Osaka ne s’est jamais plainte. Elle a répondu avec entrain quand elle a gagné ses titres du Grand Chelem, à l’US Open et à l’Open d’Australie. Il se trouve qu’elle est moins à l’aise à Roland-Garros où elle n’a jamais dépassé le troisième tour. Et comme par hasard c’est ici qu’elle se bloque. Elle n’a peut-être pas envie de répondre encore aux questions sur son aversion pour la terre battue. Pourtant c’est ça qui est intéressant aussi.

La carrière d’un sportif n’est pas toujours aussi lisse et flatteuse que les images qu’ils choisissent de publier sur Instagram.  

Naomi Osaka qui boycotte la presse, c’est préjudiciable au tennis 

On est à un moment où on se demande comment faire revenir le public vers le tennis, comment intéresser les nouvelles générations, est-ce qu’il faut changer le format des matches, etc… Et là, Naomi Osaka se tire une balle dans le pied. Ça devient déjà difficile de voir des matches de tennis, il faut de plus en plus d’abonnements à des chaînes payantes, alors si en plus on ne peut plus entendre les joueurs, il ne faudra pas se demander longtemps pourquoi le public s’éloigne.

Le circuit féminin manque aussi d’attrait parce qu’il se cherche une patronne charismatique pour l’après Serena Williams. On pensait l’avoir trouvée avec la Japonaise. Brillante sur le court et dotée d’une forte personnalité en dehors. Elle est en première ligne de tous les combats, contre le racisme, les violences policières, le sexisme… Et quand elle s’engage, elle est bien contente de pouvoir en parler. C’est comme ça que Naomi Osaka est devenue une icône mondiale.

Donc là, en gardant le silence à Roland-Garros, ce n’est pas les journalistes qu’elle va punir. C’est le public, le tennis en général, et elle-même. Il n’est jamais trop tard pour changer d’avis.