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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin livre son coup de coeur pour la joueuse de tennis Naomi Osaka qui vient de remporter l'Open d'Australie samedi dernier.

Novak Djokovic a remporté l’Open d’Australie dimanche. Samedi, c’est Naomi Osaka qui a été titrée dans le tournoi féminin. La Japonaise s’impose en nouvelle patronne du circuit. Pour Virginie Phulpin, c’est elle qui peut sauver le tennis féminin.  

 "Naomi Osaka a tout d’une grande. Une grande joueuse. Une grande star aussi, tant son influence dépasse les limites du court sans qu’aucun juge ne puisse crier 'faute'. Ça fait quelques années qu’on tourne en rond sur le circuit féminin. À part les grands passionnés de tennis, les autres vont avoir du mal à me répondre si je demande qui a gagné Wimbledon en 2018 ou Roland Garros en 2019. Ashleigh Barty, Simona Halep et Angelique Kerber sont de grandes joueuses, il n’y a pas de débat là-dessus. Mais il n’y a pas une tête qui dépasse. Elles gagnent un tournoi avant de laisser la place à la victoire d’une autre. Jamais un mot plus haut que l’autre non plus.

Alors le grand public a du mal à s’attacher, surtout en comparant au trio Djokovic, Nadal et Federer. Du coup, on se raccroche à Serena Williams, seule superstar du circuit féminin depuis la retraite de Maria Sharapova. Mais l’Américaine va avoir 40 ans, elle n’est pas éternelle non plus. Et là, enfin, avec Naomi Osaka, Serena Williams peut se dire que le moment venu, elle laissera le tennis féminin entre de bonnes mains. Elle a trouvé son héritière. La Japonaise vient de remporter son quatrième titre du Grand Chelem à 23 ans, alors qu’elle a fait l’impasse sur le dernier Roland Garros et que Wimbledon n’a pas eu lieu l’an dernier. La voilà, la tête qui dépasse. Le début d’un règne qu’on n’osait plus imaginer. 

Et Naomi Osaka ne se contente pas d’exister sur les courts de tennis...

Il y a ses prouesses sur le terrain, mais il y a aussi tout le reste. Naomi Osaka est une personnalité qui dit ce qu’elle pense, pense ce qu’elle dit et l’affirme aussi fort qu’elle tape dans la balle. Elle est Japonaise mais vit aux Etats-Unis depuis qu’elle a trois ans. Et elle a été la première à boycotter sa demi-finale du tournoi de Cincinnati fin août pour protester contre de nouvelles violences policières contre un homme noir. On peut voir ça en NBA, mais au tennis, ça n’arrive jamais. Elle l’a fait, et le tournoi s’est mis en pause. Il n’y a qu’elle pour secouer le petit monde de la raquette comme ça.

Naomi Osaka tance aussi les Japonais en leur demandant de réfléchir à la façon dont ils traitent les enfants d’union mixte, comme elle, puisque sa mère est japonaise et son père haïtien. Elle n’a pas hésité non plus à s’en prendre au patron du comité d’organisation des JO de Tokyo et à ses propos sexistes. Naomi Osaka est une joueuse engagée et elle est aussi une égérie de Louis Vuitton, parce que l’engagement n’empêche pas le glamour. Bref c’est LA star dont le tennis féminin avait besoin. Le tennis tout court d’ailleurs. Le genre de personnalité qui ajoute encore quelques lettres de noblesse au sport."