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La joueuse de tennis russe Maria Sharapova a décidé de prendre sa retraite. Pour Virginie Phulpin, ça signe la fin d'une époque où l'on demandait d’abord aux sportives d’être belles avant d’être performantes.

Maria Sharapova, la joueuse de tennis russe, a annoncé sa retraite il y a deux jours. Pour Virginie Phulpin, c’est peut-être la fin d’une époque où on demandait d’abord aux sportives d’être belles, avant de s’occuper de leur sport. 

Qu’est-ce qu’on va retenir de Maria Sharapova ? Ses cinq titres du grand chelem, ou son physique de mannequin ? Quel suspense. Dès son arrivée sur le circuit on avait la réponse. La Russe a gagné Wimbledon en 2004, elle avait 17 ans. C’est ce qu’on appelle une entrée fracassante, on aurait pu saluer sa performance. Mais non, on a préféré parler de la poupée russe. Oui, c’était inventif comme sobriquet. Anna Kournikova y avait déjà eu droit avant, mais qu’importe, on recycle, les mots comptent moins que l’image. Et ça a duré toute sa carrière, de la poupée à la diva. J’ai regardé beaucoup de commentaires quand elle a annoncé qu’elle arrêtait le tennis. À base de "bonne retraite bombasse" et de "tu as marqué le tennis par ta beauté". Une sportive doit d’abord être belle, ses coups, ses titres, après tout, c’est accessoire. Un accessoire de mode, sûrement. 

Et comme on lui demandait d’abord d’être belle, ça aurait été bien aussi qu’elle se taise. Sur les photos, c’était parfait. Sourire, ça n’est pas franchement son truc, à Maria Sharapova, donc elle correspond bien au cliché des mannequins qui font la tête. Mais sur le court, franchement, Maria, pourquoi tu criais comme ça ? Oui, ses cris stridents lui ont souvent été reprochés. C’est vrai que c’était désagréable, mais Rafael Nadal hurle autant à chaque coup, et personne ne lui en a jamais tenu rigueur. Ca doit faire homme sûrement. Alors que ça abîmait la belle image de Maria Sharapova. Peut-être parce que ça n’était pas son problème, et que quand elle frappait la balle, c’était comme si sa vie en dépendait. Une battante obsessionnelle. Une sportive, quoi.

Doit-on changer notre regard sur les sportives ?

Maria Sharapova était une des dernières stars planétaires du tennis féminin. Pourquoi ? D’accord, il y a eu plein de joueuses différentes qui ont gagné des grands tournois ces derniers temps, donc c’est difficile d’en faire ressortir une. Mais c’est surtout que pour acquérir leurs lettres de noblesse, les joueuses doivent plus miser sur leur beauté que sur leur coup droit. Vous pouvez faire le test, regardez du sport féminin en groupe, je vous donne deux minutes pour entendre des remarques sur le physique des sportives. Il y a du boulot. Et il faudrait aussi que les équipementiers fassent un effort. À l’US Open, Nike a quand même fait porter à Maria Sharapova une robe noire avec des empiècements en cuir, de la dentelle et des strass. La Russe a joué avec cette image, et franchement elle aurait eu tort de se priver. Mais elle aurait bien voulu qu’on lui parle un peu moins chiffons et un peu plus de tennis. On s’y met ?